Sprint final – L’édito de Patrice Chabanet
La campagne des européennes ne laissera pas un souvenir impérissable. C’est le lot de tous les scrutins intermédiaires. L’emprise de la politique intérieure a laissé peu de place au sujet qui aurait dû être central, à savoir l’Europe. Les quelques jours qui nous séparent de l’échéance tiendront plus de la course de petits chevaux que du débat idéologique. Savoir qui de LREM ou du Rassemblement national franchira le premier la ligne d’arrivée. Savoir si les Républicains atteindront la barre des 15%. Savoir si la liste Glucksmann obtiendra les 5% nécessaires pour avoir des députés. Etc. Ces incertitudes suffiront-elles à susciter l’engouement de l’électorat ? On peut en douter si l’on en croit les sondages. Plus d’un Français sur deux devrait s’abstenir. Une grève démocratique qui va de soi au fil des élections, mais c’est un autre problème.
Autre question : le chef de l’Etat interviendra-t-il dans le débat ? C’est probable, à travers une interview dans la presse, dit-on. L’arme est à double tranchant. Elle peut convaincre certains électeurs hésitants à pencher vers la liste de la majorité. Elle peut, au contraire, donner l’impression d’une opération de la dernière chance, ce qui ne passe pas pour un signe de grande sérénité. Elle peut, enfin, laisser de marbre tous ceux qui ont déjà fait leur choix dans la tête.
Il ne faut pas oublier non plus un phénomène bien courant aujourd’hui : la diffusion de fausses nouvelles, les fameuses fake news. En d’autres temps, pas si lointains, on appelait cela les boules puantes. Fragilisé par un climat social pour le moins difficile, notre pays n’a pas besoin de ces parasitages malveillants. Il est encore temps de recentrer – un peu – la campagne sur les véritables enjeux européens. Qu’on le veuille ou non et quelle que soit la vision qu’on puisse avoir de l’Europe de demain, notre avenir en dépend. Certainement plus que des chicayas franco-françaises.