Sparadrap – L’édito de Christophe Bonnefoy
L’état d’urgence était attendu. En tout cas pressenti. On a eu quelques mesures – ou suggestions – prises dans l’urgence.
Sur le fond, face aux émeutes qui, il est vrai, prennent une tournure de plus en plus inquiétante, en appeler à la responsabilité des parents, mais aussi à celle des grands réseaux tels que Snapchat ou TikTok relève du bon sens.
Les casseurs sont parfois plus proches de l’enfance que de la retraite. Moins de 14 ans parfois, voire 13, ou même 12. Quant à ces réseaux qu’on dit sociaux, ils sont le parfait vecteur de transmission des “exploits” de ceux qui visent sans distinction magasins de sport, d’alimentation, écoles, mairies ou commissariats. Ils deviennent aussi, quasi-systématiquement, une sorte de GPS des points de rendez-vous ou de repli des émeutiers.
Mais Emmanuel Macron ne peut pas être naïf à ce point. Ce ne sont pas (tous) les parents qui arriveront à raisonner leurs enfants. Ils ont, pour nombre d’entre eux et dans certains quartiers, depuis bien longtemps perdu toute autorité sur leurs ados. La démission forcée de ceux qui ne savent plus quoi faire. Les responsables des grands réseaux sociaux, eux, ont très rarement coopéré avec les autorités. Au nom, entre autres, d’une liberté d’expression dont on voit aujourd’hui les conséquences néfastes lorsqu’elle amène à sortir du cadre légal.
Le constat, en fait, est terriblement glaçant. On paie là des décennies d’échec de politiques qui ont essayé, mais n’ont jamais réussi. Qui ont fait croire que, mais n’ont sans doute au final jamais été dupes sur l’absence de résultats.
Dans l’urgence, on arrivera sûrement à calmer les esprits. Par la force. Mais sur le plus ou moins long terme, les mêmes causes produiront les mêmes effets. Poser une chape sur le couvercle d’une cocotte-minute peut l’empêcher momentanément d’exploser. Pas de monter en pression.