Sous-entendus malsains – L’édito de Christophe Bonnefoy
Cédric Villani est-il autiste ? En soi et dans un monde parfait, la question pourrait paraître banale, normale. Innocente même. Dans un monde parfait seulement. Car elle révèle ici tellement d’arrière-pensées, qu’elle est pour le moins malvenue et même, carrément choquante. Par extrapolation, elle place de facto tous les autistes Asperger dans la case de ceux qui ne pourraient pas avoir les mêmes aspirations que le reste de la population.
Le candidat à la mairie de Paris est-il autiste ? Parce qu’il peut apparaître original dans sa façon de s’habiller ? De s’exprimer ? Et quand bien même il serait Asperger, cela lui ôte-t-il toute légitimité ?
C’est tout le contraire. Ceux qui ont lancé la rumeur – le mot, par nature, donne une idée de l’objectif recherché – ne connaissent peut-être même pas la définition de l’autisme. Ni ce qu’il implique. Une intelligence inférieure ? Sûrement pas. Ça peut être tout l’inverse. Des difficultés dans les interactions sociales ? Bien sûr, c’est l’essence des difficultés des Asperger. Et alors ? Sous-entendra-t-on bientôt qu’un non-voyant ne sait pas penser ou qu’un homme ou une femme paraplégique ne pourra jamais mener à bien quelque projet que ce soit ?
En l’occurrence, il serait temps, un jour enfin, qu’on prenne la question par l’autre bout de la lorgnette. Ici, précisément, en ne se demandant pas si l’autisme est une tare – n’ayons pas peur des mots – mais quelles richesses peut apporter un Asperger – un autiste donc – au monde qui l’entoure. En cherchant à valoriser les atouts, plutôt que de pointer ce qui pourrait être une faiblesse.
Seul point positif dans cette affaire : les sous-entendus malsains auront, peut-être, permis à certains d’essayer de se documenter un peu plus sur l’autisme. Vœu pieux ?