Sous conditions – L’édito de Christophe Bonnefoy
Pouvait-on décemment croire qu’en quelques heures, des départements colorés de rouge allaient passer au vert ? Comme par magie ? La question était en fait, pour ceux qui étaient à l’orange : serons-nous finalement dans le bon wagon ? La Haute-Marne, en l’occurrence, est toujours bloquée au feu.
Edouard Philippe et les ministres concernés ont précisé les modalités du désenfermement, hier après-midi. Il y a des heureux. Il y a des déçus. Mais en réalité, il subsiste, pour tous, des dizaines de questions. Une en particulier : quelle sera la situation dans trois semaines ? La pandémie, contrôlable en partie mais imprévisible tant qu’elle n’est pas totalement jugulée, empêche d’être catégorique. Tout juste les zones présentées hier permettent-elles d’en savoir un peu plus sur la liberté de se déplacer ou encore sur la réouverture ou pas des collèges. Egalement sur celle des commerces. Ces derniers seront, indéniablement, le symbole d’une vie qui reprend peu à peu son cours.
Mais en fait, si l’étau semble se desserrer doucement, au moins sanitairement, le plus compliqué reste à venir. Ce déconfinement, qu’on nous annonce très progressif, ne lève pas les doutes sur l’avenir. Et c’est précisément le doute qui pèse le plus sur le moral des Français. A tel point que très vite – c’est déjà en grande partie le cas -, la peur du virus va se voir supplanter par celle du quotidien. Economique s’entend.
N’oublions pas, enfin, un point primordial pour le succès de l’opération : notre attitude. On saura très vite lundi si la grande prudence recommandée par le Premier ministre est adoptée par les Français. En clair : déconfinement, pour le coup, ne signifie pas retrouver notre vie d’avant. Une deuxième vague provoquée par une forme d’irresponsabilité nous ramènerait aussitôt vers une nouvelle forme de confinement. Avec toutes les fâcheuses conséquences que cela impliquerait.