Sondage sonnant et trébuchant – L’édito de Patrice Chabanet
Comme si le contexte n’était pas déjà assez compliqué, voilà une nouvelle polémique dans le débat sur les violences qui secouent notre pays. Il s’agit des cagnottes, et plus particulièrement celle destinée à aider la famille du policier mis en détention après le coup de feu mortel contre le jeune Nahel. Plus d’un million d’euros récoltés en quelques heures.
Le principe de la cagnotte n’est pas condamnable en soi. La solidarité n’est pas un délit. C’est son inspirateur – un polémiste nettement marqué à l’extrême droite – qui suscite une vive opposition. Les syndicats de police auraient été plus avisés d’en prendre l’initiative. En l’occurrence, ils donnent l’impression d’être à la remorque d’une organisation politique, d’en partager la ligne idéologique et, pour le dire simplement, d’être instrumentalisés. C’est gênant quand on affirme défendre des principes républicains.
En tous les cas, l’affaire des cagnottes nous en dit long sur l’état d’esprit des Français : celle organisée en faveur de la famille du policier est cinq fois supérieure à la collecte pour le compte de la famille du jeune Nahel. Un véritable sondage sonnant et trébuchant de la société française. A l’évidence, elle aspire au retour de l’ordre et de la sécurité. La destruction des biens n’a suscité aucune sympathie et n’en suscitera pas. Les émeutiers s’épuisent dans leur délire de destruction. Mais personne ne peut dire aujourd’hui si l’apaisement est à portée de main. Des pauses, oui. L’ampleur du chantier n’incite pas à l’optimisme.