Pénurie de puces électroniques : les cuisinistes (aussi) s’organisent
Le manque de puces électroniques touche aussi l’électroménager et donc les cuisinistes. Fours, lave-vaisselle, micro-ondes sont sous délais d’attente à moins de trouver des solutions comme le recours aux grossistes ou le stockage.
Voitures, consoles de jeux, chaudières, poêle à granulés de bois, appareils électroménagers, le manque de puces électroniques entraîne des pénuries en cascade. Les cuisinistes sont directement touchés au niveau des appareils électroménagers avec des délais d’attente, pour les clients, qui s’allongent… à moins de trouver une parade.
Pour Emmanuel Franzoni, gérant d’Atlas, ce problème n’est pas récent. Il le situe plus précisément au début de la crise sanitaire. L’approvisionnement en puces chinoises a été limité à partir de cette époque du fait, notamment, de la fermeture d’usines. D’autres raisons viennent s’ajouter au phénomène.
Trois solutions différentes pour des puces
Emmanuel Franzoni explique surtout que toutes les grandes marques d’électroménagers dépendent du même fabricant de composants électroniques, qu’une dépendance s’est créée et que l’ensemble du marché est pénalisé.
Pour lui, les commandes ont vraiment pris du retard depuis 18 mois et plus particulièrement dans les lave-vaisselle et les fours. « Il existe encore quelques difficultés avec une tendance à l’amélioration. » Il raconte qu’auparavant il fallait attendre trois à quatre mois pour avoir un four avec, parfois même, un manque total de visibilité chez les fabricants.
Marcher en réseau
Aujourd’hui, le phénomène est loin d’être résorbé mais le gérant chaumontais estime la situation « gérable parce qu’il fait partie d’un grand groupe ». Autrement dit, il a une certaine latitude et un certain pouvoir d’adaptation grâce à sa force de frappe. Il raconte : « Lorsqu’un fournisseur se dit en rupture de stock en fours ou autres appareils ménagers, nous cherchons une piste extérieure. Nous nous dirigeons vers les grossistes en allant au plus vite pour rapatrier l’appareil ». Il parle d’un réseau essentiel qu’il faut aller chercher, solliciter pour « éviter ainsi toutes les dépendances ».
Pour Excellence Cuisine, Maurizio Failla adopte une autre solution. Il constate des retards « jusqu’à six mois pour les lave-vaisselles et les micro-ondes » et pour y pallier, il a choisi de stocker les produits phares. Son fonds de roulement en matériel est désormais bien plus grand pour satisfaire ses clients qui restent néanmoins compréhensifs. L’homme va jusqu’à conseiller à ces mêmes clients d’acheter eux-mêmes leur électroménager sachant qu’il s’agit d’un service en plus de la boutique.
Hausse des prix
La troisième solution face à ces pénuries est de proposer aux clients des changements de marque. Le plus souvent, de bonne grâce, ils y consentent. Le problème est davantage du côté de l’augmentation des tarifs avec la hausse du prix des matières premières (acier, bois, plastique…) et des transports.
Emmanuel Franzoni craint que les fournisseurs profitent de cette augmentation tarifaire pour ne plus jamais redescendre les prix. Il reste néanmoins positif en estimant le marché en cuisine porteur. Observateur, il voit des zones pavillonnaires se construire et il sait que la cuisine est devenue un poste prioritaire. Du coup, pour lui, il serait dommage d’être freiné par cette perturbation économique qu’il espère résorbée dans les mois à venir. Il se veut positif.
Frédéric Thévenin
Relocaliser pour maîtriser
La carence en composants électroniques est donc due à des chaînes de production, en Chine, qui tournent au ralenti et qui, dans un contexte de reprise économique avec une forte demande, ont du mal à rattraper le retard accumulé. A cela s’ajoutent des hausses de prix des matières premières comme le cobalt et du transport avec la hausse du prix du pétrole et donc des containers sur les mers. Les prix ont triplé.
Ces problèmes de transport promettent de perdurer dans le temps avec une pénurie de containers en 2022 et des blocages dans les ports. La situation est telle que plusieurs fabricants ont décidé de relocaliser une partie de leur production au plus près de leurs marchés – et en particulier en Turquie – pour être moins dépendants du transport maritime.