Solutions palliatives – l’édito de Patrice Chabanet
La réponse du gouvernement aux émeutes urbaines de juin dernier va dans le bon sens. Présentée par Elisabeth Borne, elle vise, entre autres, à soutenir les communes dévastées par ce déluge de violence, grâce à une « force d’action républicaine ». Elle est aussi destinée à responsabiliser les parents des délinquants en les frappant au portefeuille. Un exercice de maniement de la carotte et du bâton.
A dire vrai, ce ne sont là que des solutions palliatives. Comment pourrait-il en être autrement quand il s’agit de trouver des remèdes à un mal vieux de plusieurs décennies ? C’est tout le mode de fonctionnement de notre société qui pose question. Comme on l’a souvent souligné, la politique d’urbanisme à la française a montré ses limites depuis des lustres. Entasser des dizaines de milliers de personnes dans les banlieues, c’est entasser des milliers de problèmes.
L’explosion du nombre de familles monoparentales n’est pas pour rien non plus dans la désorganisation des quartiers dits « difficiles ». La mère, contrainte de partir au travail tôt le matin, ne peut pas s’occuper de ses enfants. Poser le problème n’est pas le résoudre. Responsabiliser le ou les parents défaillants tient plus de la formule magique que d’une juste appréciation de la situation. Stopper l’immigration ? Les faits sont têtus : près de 80 % des émeutiers de juin étaient de nationalité française.
En d’autres termes, il a fallu des décennies de malgouvernance pour en arriver là où l’on en est. Il faudra des décennies – et beaucoup d’imagination – pour en sortir.