Soirée maraude dans les rues de Chaumont
Tous les soirs, du 1er novembre au 31 mars, les bénévoles et salariés de l’association la Passerelle maraudent dans les rues de la ville pour venir en aide à ceux qui en auraient besoin. Il peut s’agir d’un toit pour la nuit ou simplement de contact humain.
Mercredi 7 décembre, 20h15. Température extérieure à Chaumont : 2 degrés. Pourtant, Laurène et Yasmina s’apprêtent à sortir. Elles viennent d’arriver à l’association la Passerelle, rue Bablon, et sont prêtes. Elles ont enfilé leur veste jaune fluorescente, pour être repérables, ont mis du café dans une bouteille isotherme et ont appelé le 115. Avant de commencer une maraude, l’appel est incontournable. Il faut prévenir ce numéro national d’accueil d’urgence car les maraudes en dépendent. De 20 h à 22 h, elles vont parcourir les rues de Chaumont et venir en aide à ceux qui sont dans le besoin.
Se sentir utile
Ce jour-là, Yasmina et Laurène se rencontrent. Elles n’ont encore jamais maraudé ensemble mais elles aiment justement l’idée de rencontrer de nouvelles personnes à travers ce bénévolat. Si Yasmina n’a commencé que le mois dernier, Laurène a déjà trois années de pratique. Elles aiment se rendre utiles et venir en aide à ceux qui en ont besoin. Surtout qu’elles se sentent soutenues par l’équipe de la Passerelle et les autres bénévoles. « On est vraiment pris en considération. On se réunit régulièrement pour parler des problèmes ou cas qu’on a pu rencontrer et on a la possibilité de suivre des formations », expliquent-elles. Si tout va bien, elles ont prévu d’en suivre une sur les risques psychologiques en janvier.
Début à la gare
Comme toute maraude à Chaumont, le départ se fait à la gare. En entrant, et alors que le prochain départ de train est prévu une heure plus tard, les deux maraudeuses remarquent tout de suite une personne seule sur un banc, à l’intérieur. Elle garde cette information en tête avant d’aller voir le chef de quai. Il est toujours bon de savoir si, oui ou non, il a remarqué quelqu’un qui pourrait avoir besoin d’aide. Cette fois-ci, pas d’informations à ce sujet.
Par contre, en retournant voir la personne seule dans la gare, les deux femmes constatent qu’il a vraiment besoin d’aide. En arrivant, elle le retrouve pied-nus en train de changer ses chaussettes, qui ont l’air mouillées. Elles lui expliquent qui elles sont, lui demandent s’il sait où dormir ce soir. L’homme, Patrick, étant Hollandais, la conversation se fait en anglais. En général, il dit dormir au sol, là où il trouve de la place. Il ne veut pas être hébergé car il ne souhaite pas habituer son corps à avoir chaud.
Sac de couchage et discussions
Par contre, il veut bien un sac de couchage et un café chaud. Après un passage à l’association, Laurène et Yasmina lui apportent un sac de couchage, une paire de chaussettes, une soupe et des biscuits. Elles lui expliquent aussi qu’il peut se rendre à la Passerelle demain pour un accueil, faire une lessive, prendre un petit-déjeuner ou une douche.
L’homme n’a pas l’air intéressé mais, au moins, l’information est passée. Il souhaite connaître les villes plus au sud (Dijon, Lyon…) car il aimerait s’y déplacer pour avoir moins froid cet hiver. Les deux femmes comprennent qu’il aime voyager ainsi et qu’il n’a pas vraiment besoin d’aide. Elles lui donnent tout de même rendez-vous un peu avant 22 h devant la gare pour voir si tout va bien.
Yasmina et Laurène continuent leur maraude : square Philippe-Lebon, hall du centre hospitalier, square du Boulingrin. Elles ne croiseront plus personne, hormis un jeune homme qui les félicitera pour leurs actions. A leur retour, Patrick les attend, comme prévu. Il n’a plus besoin de rien, n’a pas changé d’avis au sujet d’un hébergement, et part tranquillement chercher un coin où dormir.
Laura Spaeter