Sites patrimoniaux remarquables : les habitants pénalisés dans la transition énergétique
Environnement. La transition énergétique a été élevée au rang de priorité nationale. Mais comment concilier écologie et patrimoine dans les sites remarquables ? Dans les faits, les habitants de ces lieux sont souvent pénalisés. Exemple à Vignory.
Le contexte et lalégislation évoluent suite aux évènements climatiques et politiques mondiaux. Dans ce cadre, un travail mené conjointement entre le ministère de la Culture, le ministère de la Transition énergétique et le ministère de la Transition écologique a débouché sur la circulaire du 9 décembre 2022, qui précise l’articulation entre développement de l’énergie solaire et protection du patrimoine.
Cette circulaire précise notamment, pour les sites patrimoniaux remarquables (SPR) et les abords de monuments historiques, les insertions sur des immeubles datant d’après-guerre sont à privilégier, en respectant le règlement du SPR. Les Architectes des bâtiments de France (ABF) jouent un rôle central de conseil. Ils ont pour mission d’accompagner les porteurs de projet pour optimiser l’insertion des dispositifs. Ils doivent veiller, notamment auprès des élus, à ce que l’implantation des panneaux solaires soit bien encadrée par les règlements des sites patrimoniaux remarquables.
C’est dans cet esprit qu’a eu lieu une réunion à la salle des fêtes de Vignory, dirigée par le maire, Etienne Marasi, en présence de l’ABF Jean-Pascal Lemeunier et du Conseil en architecture, urbanisme et environnement (CAUE) Haute-Marne.
Les habitants du village et de communes voisines s’étaient déplacés afin de connaître les possibilités dont ils pouvaient disposer pour aller dans le sens de cette circulaire.
Il ressort des discussions le fait que les solutions sont rares dans la commune classée SPR. Toutefois, le maire a quand même tenté de rassurer en promettant que chaque éventuel projet de particulier serait étudié en partenariat avec l’ABF, et qu’une réponse serait apportée. Etienne Marasi a précisé qu’il y a tout de même des progrès dans l’acceptation des dossiers dans la mesure où ils protègent l’environnement de monuments historiques.
L’intérêt de l’ancien en terme de performances
Au cours de la réunion, l’ABF Jean-Pascal Lemeunier, a apporté quelques précisions sur les maisons anciennes. Avec des murs en pierres d’une grosse épaisseur, elles sont déjà bien conçues et ne nécessitent pas obligatoirement d’isolation intérieure ou extérieure. Il faut dans un premier temps isoler sols et plafond/toits, sans oublier les fenêtres.
L’ABF a rappelé que dans l’ancien temps les occupant de maisons ne chauffaient qu’une seule pièce en hiver et qu’ils ne s’en portaient que mieux, ce qui a fait réagir l’assistance. Une voix s’est élevée dans la salle, demandant si le souhait des ABF était de ramener les habitants à l’ancien temps. Pendant un instant le ton est monté dans cet échange.
Un autre échange a été tout aussi singulier, quand un habitant a demandé : « Ne pouvant pas installer de panneaux solaires sur ma maison en secteur 1, nous sommes condamnés à payer l’électricité de plus en plus cher ? », s’attirant de la part d’un conseiller municipal une réponse qui l’a laissé stupéfait.
De notre correspondant Rodolphe Andreotti
Les difficultés du réel
Les solutions en termes de transition énergétique et écologique, sont multiples. L’isolation par l’extérieur, à Vignory, c’est très compliqué, les maisons sont majoritairement mitoyennes, une telle isolation ne serait pas possible au risque des surépaisseur de façades d’une maison à l’autre. Cette option peut être envisagée sur des maisons individuelles.
Concernant les Pompes à chaleur (PAC), ce système reste une verrue aux yeux des riverains, avec l’obligation de les habiller d’un pare-vue adéquat, ce qui peut rendre moindre sa performance.
Les panneaux solaires, quant à eux restent une bonne alternative, même s’il faut faire très attention à leur installation, et au professionnel, de préférence loca et reconnu, qui s’en chargera. Pour les communes SPR, il existe encore trop peu de matériaux entrant dans ce qui pourrait être accepté en terme d’aspect, bien que des avancées soient visibles dans ce domaine.
A Vignory, dans le secteur 1, qui concerne le SPR, il est quasiment impossible d’en installer. Sur des immeubles de type atelier dont certains ont été construits après-guerre et qui ont des verrières existantes, des panneaux pourraient alors imiter ces verrières. Sur des parcelles de terrain, non visible du château, les panneaux peuvent être posés au sol sur châssis.