Sitelle torchepot : le brigand masqué des mangeoires
La sitelle torchepot (sitta europaea) est une petite grimpeuse forestière courtaude et active, au bec noir fort et pointu comme celui d’un pic. L’hiver, elle se distingue dans les mangeoires par une attitude agressive envers ses concurrents, notamment les mésanges.
D’une longueur de 14 cm, les deux sexes étant semblables, la sitelle torchepot se reconnaît par le gris-bleu de sa calotte et de son manteau, son dessous orangé et ses flancs d’un brun roux. Ses joues et sa gorge sont blanches. Un long bandeau noir de pirate lui masque les yeux, tel un hors- la-loi, tandis que sa queue est courte. Peu partageuse, elle s’impose dans les mangeoires des zones arborées, quitte à employer la force ! Fuseau vif et acrobate, elle grimpe par petits bonds sans s’appuyer sur sa queue, dans tous les sens, grâce à ses pattes robustes aux doigts très griffus. Elle redescend la tête en bas, ce que ni les pics ni les grimpereaux ne peuvent faire ; son vol est rapide et direct. La sitelle torchepot émet des cris sifflés énergiques, devenant stridents en cas d’excitation, ainsi que des séries de trilles vibrants et sonores. Monogame et territoriale, elle habite les forêts mixtes (conifères et feuillus), les parcs, les jardins et vergers, pourvu qu’elle y trouve de vieux arbres, notamment des chênes. Elle niche à une hauteur notable dans leurs cavités ou parfois dans celles des murs, dont la femelle maçonne les issues par un mortier de terre et de salive pour en rétrécir l’accès.
La sitelle ne dédaigne pas les nichoirs
La sitelle torchepot, qui adopte également des nichoirs ou des anciennes loges de pic épeiche, garnit son abri de copeaux de bois et d’écorces. Elle y dépose, entre avril et juin, une ponte de quatre à neuf œufs blancs tachetés de rouge qu’elle couve une quinzaine de jours. Les oisillons sont ensuite nourris d’insectes par leurs parents près d’un mois avant leur envol ; ils restent ensuite dépendants près de deux semaines. A ce rythme, une seconde ponte est rare. Ce bel oiseau, au petit air de martin-pêcheur, consomme l’hiver des noix, noisettes, glands et faines récupérés au sol : il les calle dans l’écorce des arbres afin de les fendre en les martelant de son bec, comme le font les pics. La sitelle torchepot dissimule des réserves au sol ou dans les arbres, pour les jours difficiles, n’hésitant pas à profiter des lieux d’agrainage des chasseurs car elle est opportuniste. Dans les mangeoires, où elle impose sa loi, elle jette son dévolu sur les graines de tournesol qu’elle adore. Elle devient insectivore à la belle saison, ce qui la rend très utile au jardinier. Sédentaire et territoriale, elle est observable toute l’année, sauf en Corse où sa petite cousine locale la remplace dans les montagnes. Quant à la sous-espèce scandinave, elle possède un dessous blanchâtre. La sitelle torchepot, dont l’espèce n’est pas menacée, craint l’épervier d’Europe qui est son principal prédateur.
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