Signes d’essoufflement – L’édito de Patrice Chabanet
En leur for intérieur, les responsables syndicaux devaient s’y attendre : la mobilisation sociale contre la réforme des retraites marque le pas. Les défilés étaient moins denses ce jeudi qu’il y a une semaine. Les grèves dans la fonction publique, le secteur de l’énergie et les transports se sont effilochées. Pour autant, il serait prématuré de parler d’échec. Le mot pause serait plus approprié. Une forme de repli tactique avant la journée d’action du 7 mars.
Elle est présentée comme un test, surtout si le projet gouvernemental finit par recueillir une majorité à l’Assemblée nationale. Reste à savoir quelles en seront ses modalités. Une partie de la gauche est favorable au blocage du pays. C’est notamment l’option privilégiée par LFI et son chef Jean-Luc Mélenchon. « On bloque tout », vient-il de décréter. On verra si la prophétie se vérifie. Jusqu’à présent, il s’est toujours trompé dans ses prévisions.
L’avenir des retraites ne se joue pas seulement dans la rue – heureusement pour la démocratie – mais aussi chez les représentants du peuple que sont les députés. Bien malin qui peut dire si la discussion sur la question cruciale de l’âge du départ à la retraite pourra intervenir avant la date butoir de ce vendredi. Des milliers d’amendements encombrent le débat et font barrage au fameux article 7.
Rarement la vie politique et sociale de la France s’est trouvée confrontée à pareil blocage et à deux camps si sûrs de leur bon droit. Jour après jour, l’issue reste enveloppée par l’épais brouillard de l’incertitude. Qui va gagner ce bras de fer ? Qui va le perdre ?