Si près, si loin – L’édito de Christophe Bonnefoy
Si près, si loin – L’édito de Christophe Bonnefoy
Même proche d’un apparent dénouement, l’affaire Grégory continue de laisser planer l’idée qu’elle ne livrera jamais ses secrets. Un, en particulier : qui a tué le garçon de 4 ans ? Ce n’est sûrement pas de la faute des enquêteurs – version 2017 -, qui prennent bien soin de s’entourer de toutes les précautions pour éviter de reproduire les manquements d’antan. Pas de la faute, non plus, du procureur, d’une prudence extrême devant la presse, quitte à en devenir maladroit et peu précis. Bien loin, la tentation de considérer comme résolu ce qui ne l’est pas.
De deux choses l’une : ou la Justice sait, mais contrairement à celle qui s’était emparée de l’affaire en 1984, elle fera les choses dans l’ordre, sérieusement, avec toutes les assurances qui s’imposent ; ou elle ne sait pas et se cantonne à traduire en des termes juridiques ce qui n’aurait jamais dû échapper aux enquêteurs à l’époque. Et elle ne fait finalement que formaliser des évidences : le drame est né de rivalités et de jalousies familiales, les acteurs gravitaient autour du couple Villemin. Mais ça ne fournit pas un ou des coupables à coup sûr. Pas pour l’instant, en tout cas. Même la mise en examen de Jacqueline et Marcel Jacob, pour enlèvement et séquestration suivie de mort, n’en fait pas les meurtriers. Et comme cela demeure la règle, ils restent présumés innocents. L’affaire a déjà tellement fourni de coupables jusqu’ici… Leurs avocats ont d’ailleurs dès hier soir annoncé vouloir demander la nullité de la procédure les concernant.
Difficile, pourtant, de croire à un grand coup de bluff de la part des enquêteurs, qui ne contribuerait au final qu’à reproduire les erreurs passées, pour un résultat tout aussi désastreux que pendant ces 33 dernières années.
On n’a sans doute jamais été aussi près de la vérité dans l’affaire Grégory. Mais comme d’habitude, il n’est pas du tout certain qu’elle éclatera un jour.