Sexualité : les jeunes face à leurs questions à l’Estic
ÉDUCATION. Pour aider les collégiens à appréhender la sexualité, Domithile Guinoiseau et Chantal Marinthe dispensent des ateliers à l’Estic. De quoi aborder toutes les questions que se posent les jeunes, sans tabous, assurent-elles.
Pour les collégiens, parler de sexualité avec des adultes semble parfois insurmontable. Quand vient la puberté, et son cortège de questions, ouvrir le dialogue avec ses parents n’est pas aisé. Si l’éducation sexuelle est bien prévue dans les programmes scolaires, elle est souvent réduite au pratico-pratique. Pour schématiser, on apprend à mettre un préservatif en cours de SVT. Et c’est à peu près tout.
À l’Estic, Domithile Guinoiseau et Chantal Marinthe, membres de l’association CLER Amour et Famille, interviennent auprès des élèves de 6ème et de 3ème, pour répondre du mieux possible à toutes leurs questions. « Nous ne détenons pas une vérité absolue, nous souhaitons simplement donner à penser aux jeunes, pour qu’ils se connaissent mieux », explique la première. « La sexualité est un long chemin », abonde la seconde.
Questions – réponses sur la sexualité
Après une séance de présentation, les élèves posent leurs questions, par écrit et de manière anonyme. Les deux intervenantes s’appuient sur ce corpus documentaire pour construire leur atelier. « Il n’y a aucune censure ! », assure Domithile Guinoiseau. La puberté est au cœur des débats pour les 6èmes, avec notamment la question des règles. Pour les plus grands, c’est le rapport aux autres qui est au centre des débats, via les relations amoureuses, la première expérience sexuelle ou le consentement.
Ce dernier point est d’ailleurs mis en exergue. « Nous faisons un gros travail sur les violences, dans la famille, ou dans le couple, sexuelles ou non. Chaque enfant reçoit un violentomètre, pour pouvoir juger de plusieurs situations, et nous leur indiquons les personnes à aller voir », étaye Domithile Guinoiseau. Le message est apparemment passé chez les 3èmes de l’Estic, invités à expliquer ce qu’ils retiennent dans des questionnaires anonymes que nous avons pu consulter : « La notion de consentement », « La communication dans le couple », « Il faut bien connaître la personne avant d’avoir des rapports »…
L’orientation sexuelle, le rapport à son propre corps, la transidentité sont aussi abordés, au gré des questions posées par les collégiens, en quête de savoir sur la sexualité. « C’est aussi très lié à l’actualité. Quand Pierre Palmade faisait les gros titres, nous avons parlé de chemsex avec les élèves », se souvient Chantal Marinthe.
Plus d’heures nécessaires ?
« Chaque année, on se dit que notre intervention est plus essentielle que l’année d’avant », souffle Chantal Marinthe. Les enfants sont confrontés à leur première image pornographique autour de l’âge de 10 ans. « Bien souvent, ils se font des idées mais ne semblent pas satisfaits des réponses que peuvent leur apporter leurs copains… ou Internet », ajoute Domithile Guinoiseau.
Toujours est-il que le message essentiel passe auprès des jeunes. De quoi satisfaire les deux acolytes, qui aimeraient intervenir davantage, auprès des 5èmes et des 4èmes par exemple, mais qui en sont empêchées par un manque de moyens structurel dans l’Éducation nationale.
Dorian Lacour