Sexualité des séniors : se réinventer pour prendre son pied
La sexualité des seniors est soumise à de nombreux clichés, pouvant presque faire croire aux plus jeunes qu’il faut bien en profiter tant qu’il est encore temps. Pourtant, il n’en est rien ! Si le corps se modifie avec l’âge, il en est de même pour les pratiques sexuelles.
Lorsque la sexualité des séniors est évoquée, l’image d’un couple se tenant la main sur un banc vient rapidement à l’esprit. « Le mythe d’une sexualité s’arrêtant avec la ménopause ou l’andropause a la vie dure », pointe Emilie Martin-Miel, sexologue installée à Chaumont. Qui explique : « Avec l’âge, la sexualité se modifie, l’excitation prend plus de temps et on fait moins d’acrobaties, mais le plaisir s’adapte. On peut passer plus de temps pour ce qu’on appelle communément les « préliminaires » ».
Les répercussions de la vieillesse sur la sexualité ne sont pas les mêmes chez les hommes et chez les femmes. L’andropause, forme d’équivalent masculin de la ménopause, ne touche pas tous les hommes, contrairement à son homologue féminin.
Néanmoins, il y a des points communs aux deux sexes : l’apparition de graisse abdominales, l’augmentation du risque cardiovasculaire ou encore la baisse du tonus musculaire des organes génitaux. Chez les femmes, cela se traduit par une baisse de la souplesse vaginale, ce qui joue sur l’orgasme. Du côté des hommes, cela se manifeste notamment par une baisse du volume du sperme et donc une réduction de celui des testicules, qui deviennent plus mous. L’éjaculation peut alors être retardée ou précoce. Autrement dit, le corps a besoin de plus de temps pour connaître des réponses physiques.
Sexualité 100 % érotique
« Ces changements jouent directement sur l’image de soi et la capacité à séduire. La ménopause et l’andropause peuvent avoir de gros retentissements psychologiques. Cela heurte l’image de soi, ce qui a des conséquences directes sur la sexualité qui repose majoritairement sur la psychologie. Mais elles ne sont pas des maladies, mais des états, comme la grossesse. Il est important de comprendre comment cela fonctionne pour s’adapter », indique la sexologue.
Pour cela, un même mot d’ordre commun à toutes les générations revient : la communication. Il est important d’échanger au sein du couple, et pourquoi pas avec une personne extérieure, par exemple avec un médecin ou un sexologue. « Une bonne qualité de relation de couple est la clé d’une sexualité épanouie », souligne la sexologue.
Par ailleurs, il ne faut pas hésiter à réinventer sa sexualité, avec plus de sensualité, de baisers, de caresses ou encore de massages. D’autant que les années ont aussi leurs bénéfices. « On est libéré de la contrainte des enfants, l’esprit est libre. On passe à une sexualité 100 % érotique, il n’est plus question de reproduction », souligne la sexologue. Et la sexualité a aussi ses avantages. « Elle apporte un bien-être psychologique et, quand on est bien dans sa peau, on a moins de maladies. »
Conseils
Pour travailler son rapport à la sexualité, Emilie Martin-Miel conseille de laisser aller son imaginaire afin de comprendre ses désirs, par exemple avec des scénarios sexuels. Il est également possible de se laisser guider par la lecture de Jouissance Club, une cartographie du plaisir de Jüne Plã, qui donne un tas d’idées pour s’amuser sans pénétration, pratique que l’auteure juge bien plus maitrisée. « Pour les femmes et les hommes qui se sont investis dans leur sexualité, tout cela sera déjà enclenché », note Emilie Martin-Miel.
Pour ceux et celles restés éloignés d’une sexualité à deux, les changements du corps apportés par l’âge peuvent être l’occasion de la découvrir et de l’apprivoiser. « Je vois pas mal de femmes d’un certain âge qui n’ont jamais eu de plaisir ou d’orgasme en couple et qui sont en demande. Il y a un manque d’éducation autour de la pénétration. Un rapport sexuel ce n’est pas que ça et l’âge invite à le comprendre. »
Julia Guinamard
j.guinamard@jhm.fr