Sept jours dans le brasier de Landiras

SECOURS. Le lieutenant Jean-Christophe Renard, de Joinville, est un des dix premiers volontaires haut-marnais engagés mi-juillet en Gironde. Il raconte ces sept jours d’une mission marquante où les soldats du feu auront tenu bon face aux éléments.

Ce n’était pas le premier gros feu de forêt du lieutenant Jean-Christophe Renard. En 2021, le chef du centre de secours de Joinville/Rupt avait été engagé dans le Var. « Mais à Gonfaron, il s’agissait de 2 000 hectares brûlés. Là, en Gironde, c’était plus de 20 000 ! », observe l’officier, l’un des dix premiers volontaires haut-marnais à avoir fait mouvement vers le Sud-Ouest le 15 juillet*. Et pour quel feu. « C’était la folie ! », résume ce salarié d’Enedis, qui commande en temps ordinaire un effectif de 42 sapeurs-pompiers.

Sept jours sur sept

La colonne Est Alpha – 70 pompiers du Nord-Est, dont ceux du groupe d’incendie feu de forêt 52-21 qui se sont rejoints sur une aire d’autoroute – avait roulé toute la nuit, pour arriver à La Brède vers midi. « D’ordinaire, on a droit à six heures de repos, pour nous remettre de la fatigue du trajet, explique le lieutenant Renard. Mais là, au bout de deux heures, nous avons été appelés. » C’était parti pour sept jours de lutte quotidienne dans le brasier de Landiras, du milieu de l’après-midi au début de la matinée.

Mur de flammes

Sept jours à combattre les flammes, dans la fumée. Avec, au-dessus des têtes, des hélicoptères qui repositionnent les sapeurs-pompiers en fonction de la progression du feu, des drones, des Canadair. Avec, dans les oreilles, ce « bourdonnement » produit par l’avancée des flammes. Un mur de flammes, même, « entre 40 et 50 m de hauteur », précise l’officier joinvillois, qui n’avait jamais vu une telle puissance, ni jamais été engagé avec un tel cocktail formé par la chaleur, des rafales de vent jusqu’à 60 km/h, la sécheresse. Mais en dépit d’instants critiques, ils auront tenu.

Un cadeau pour chacun

« Quand on est parti, le feu était fixé à Landiras », souligne le lieutenant Renard, qui garde un souvenir ému de l’accueil réservé par la population, les élus, les commerçants de La Brède. « Un soir, ils nous ont offert, à chacun des 70 pompiers, une bouteille de vin avec sur chaque étiquette un dessin d’enfant, c’était très émouvant », explique l’officier.

Pour ces soldats du feu (dont deux Joinvillois), tous partis sur leurs jours de congés, ces marques de sympathie resteront un des moments forts de cette mission, comme la solidarité entre pompiers (des Suisses avaient été dépêchés en renfort) ou celle des agriculteurs de la région. Restera également gravée, dans les mémoires, cette image de « kilomètres et de kilomètres de forêt noircie ».

L. F.

* Un autre détachement est venu les relever. Les sapeurs-pompiers haut-marnais ont par ailleurs été engagés dans le Finistère et dans le Doubs (pour un orage).