Secret-défense
L’ombre du Secret d’Etat a plané sur la salle d’audience du Tribunal de grande instance de Chaumont. Accusé de falsification de chèques, Ian Fleming a fait mention de ses relations avec des agents du Renseignement français.
Tantôt épique, tantôt surréaliste, l’audience de tribunal correctionnel tenue mardi matin a plongé juge, assesseurs et procureur au coeur du mystérieux et romanesque univers des services secrets. Les onze coups vont bientôt sonner lorsque le juge Thil pose les bases d’un dossier explosif. Accusé de contrefaçon, falsification et usage de chèques dérobés, Ian Fleming a choisi de percer les mystères du renseignement français. L’homme n’aura pas pris soin de prendre le volant de son Aston Martin DB5 pour gagner le Tribunal de grande instance de Chaumont. Le procès-verbal d’une audition suffira à définir une édifiante ligne de défense…
Les acquisitions de divers outils informatiques réglées à l’aide de chèques falsifiés répondraient à une requête d’un éminent membre du renseignement français. Les chèques auraient ainsi été fournis par un fonctionnaire des services d’espionnage. Le matériel aurait ensuite été revendu à un autre agent soucieux de disposé d’ordinateurs volés afin d’assurer la confidentialité d’une mission…
L’ombre de Roger Moore planait sur la salle d’audience. Des questions hantaient les esprits. Le Mossad est-il impliqué ? Ian Fleming s’est-il envolé sous une nouvelle identité vers un pays non signataire des accords d’extradition ? Edwy Plenel a-t-il eu connaissance de ce dossier ? Le juge Thil et ses assesseurs risquent-ils leurs carrières en examinant pareille affaire ? Rien n’est moins sûr…
Strauss-Kahn en toile de fond
En charge de la sécurité de magistrats, avocats et prévenus, les policiers présents en salle d’audience redoublaient d’attention. Huissier et greffière hésitaient à tirer les rideaux afin d’éviter un tir de “sniper” : une opération clandestine étant susceptible d’intervenir à tout moment. La crainte grandissait au fil de la lecture du procés-verbal signé de la main du prévenu. Afin de prouver sa bonne foi, Ian Fleming a conseillé aux policiers de contacter un agent de la Direction de la surveillance du territoire (DST) susceptible d’accréditer ses dires. Un autre témoin est nommément cité. Par souci de confidentialité, l’identité de cet agent de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) ne sera pas dévoilée. L’affaire prenait soudain une dimension politique : cet espion serait en poste, à New-York, au Fond monétaire international (FMI). Une éventuelle implication de Dominique Strauss-Kahn ne pourra être établie.
Au coeur d’une affaire de dimension internationale, les juges Thil, Dumont-Biets et Fay ont mis de longues minutes avant de rendre leur décision. Condamné à quatre mois de prison ferme, Ian Fleming pourra se plonger à loisir dans les ouvrages de Jean Bruce, Gérard De Villiers et autres experts de l’espionnage. Afin de garantir d’évidentes garanties en matière de discrétion et de sécurité, le juge Dumont-Biets a solennellement demandé au procureur Prou-Gaillard d’éloigner l’agent Ian Fleming de tout espion durant sa période de détention.