Secours populaire : plus de 4000 personnes aidées en Haute-Marne
Solidarité. La crise énergétique fait des ravages dans les familles les plus précaires. Résultat : les associations caritatives doivent aider de plus en plus de personnes. Pour le Secours populaire, c’est un tiers de plus en un an, alors que l’association est elle aussi frappée de plein fouet par l’inflation.
Une situation compliquée mais des projets et de l’envie plein les cartons. Ainsi pourraient se résumer les échanges qui ont rythmé le congrès départemental du Secours populaire qui a eu lieu ce samedi 21 octobre à la salle des fêtes des Roises à Langres.
Les bénévoles des différentes antennes (Langres, Chaumont, Saint-Dizier et Bourbonne-les-Bains) avaient fait le déplacement. Le parrain du Secours pop’ haut-marnais, Philippe Portmann, secrétaire général de la fédération de Seine-Saint-Denis, représentant l’association nationale, était lui aussi présent.
Plus de 2 % de la population
La situation du Secours populaire n’est pas simple donc. « Nous ne sommes pas revenus à l’époque d’avant », a dit Pascal Dehaese, le secrétaire général de la fédération de Haute-Marne. Avant, c’était avant le Covid. Il faut dire que depuis, les crises se sont succédé. Il n’y a donc pas de répit pour les pauvres et pour les associations qui s’en occupent. « La crise que nous traversons fragilise profondément les personnes les plus précaires », a insisté celui qui dirige le Secours populaire depuis deux ans.
La crise énergétique, l’inflation sur les denrées alimentaires érodent considérablement le pouvoir d’achat. En Haute-Marne, les chiffres ne trompent pas. « Il y a deux ans, nous faisions état de 3050 personnes aidées. Dans notre bilan d’activité 2022, c’est 4050 personnes aidées soit une hausse d’un tiers. Cela représente plus de 2% de la population en Haute-Marne », a développé le secrétaire général rappelant combien il est difficile d’oser demander de l’aide.
Les gens en situation de grande précarité sont donc beaucoup plus nombreux que ceux qui osent d’adresser aux associations.
Pascal Dehaese, dans son intervention, dira aussi que la crise énergétique sévit en campagne, « comment faire quand il faut mettre 1000 litres de fuel dans la chaudière ? ».
Privilégier les producteurs locaux
Les besoins et demandes grimpent. Dans le même temps, le Secours populaire est lui aussi frappé de plein fouet par la crise énergétique quand il faut acheter, transporter et stocker des produits.
La fédération de Haute-Marne a fait le choix d’arrêter de faire venir des produits frais et congelés financés par l’Europe au travers du dispositif SEAA. Elle préfère travailler aujourd’hui avec des producteurs locaux, « c’est bon pour ceux qui les consomment, cela profite à l’économie locale et c’est meilleur pour la planète », résume le secrétaire général. Aujourd’hui quatorze producteurs locaux sont dans la boucle pour de la viande, des légumes, des produits laitiers, des œufs avec en parallèle un partenariat avec la régie rurale du plateau à Vaillant.
Supermarchés : les dons en chute libre
Les temps sont durs et du côté des donateurs et mécènes, le montant des collectes est en recul. Les dons en nature des supermarchés et partenaires de la distribution « sont en chute libre » car les produits donnés hier sont aujourd’hui vendus en magasin avec une forte remise. Casino à Chaumont « était l’un de nos principaux pourvoyeurs de produits frais et de fruits et légumes pour notre antenne de Chaumont », fait remarquer Pascal Dehaese. Sa fermeture n’est pas une bonne nouvelle pour Le Secours populaire même si un récent échange avec « la nouvelle responsable d’Intermarché (enseigne qui a remplacé Casino) » laisse quelques espoirs. Diminuer ses dépenses, relancer les collectes sous toutes leurs formes. Le Secours populaire n’a pas d’autres choix pour éviter de reproduire une année déficitaire comme celle de 2022.
C. C.
Les orientations
Quatre orientations ont été présentées lors du congrès puis votées à l’unanimité avant de passer à l’examen du budget réalisé par la trésorière Hélène Tranoy.
Le premier axe est la poursuite de la mise en œuvre du mouvement copains du monde en Haute-Marne. Il s’agit de faire entrer des jeunes au Secours populaire afin qu’ils deviennent auteurs et acteurs de la solidarité.
La deuxième orientation est la poursuite de la mise en œuvre du « mieux manger » en proposant des produits locaux et de qualité aux bénéficiaires. Pour l’instant, 14 producteurs sont partenaires.
La troisième orientation vise à développer l’implication de la fédération de Haute-Marne à l’international et la quatrième est « la poursuite de l’amélioration des moyens dont nous disposons pour réaliser nos activités. »
Vite lu
Chez vous partout. C’est le nom de la cinquième antenne du Secours populaire de Haute-Marne. En fait, c’est un véhicule (tout blanc pour être discret) qui, comme le nom l’indique, vient jusqu’à chez vous. Il y a cinq tournées mensuelles réalisées par les bénévoles. Aujourd’hui « Chez vous partout » représente 8,5 % des familles aidées par le Secours populaire.
Locaux : un projet à Bourbonne. Les Secours populaire a mal vécu le fait d’être contraint de quitter ses locaux du 5 rue Robespierre à Chaumont, locaux mis à disposition par Chaumont Habitat, sans proposition de relogement. « Cette obligation nous a occasionné beaucoup de difficultés », ne cache pas le secrétaire général. « Grâce au soutien de la Ville de Chaumont », le Secours Pop a retrouvé de nouveaux locaux dans l’ancien centre commercial du Cavalier à proximité de l’antenne locale. Dans ses locaux à Luzy-sur-Marne (qui appartiennent à l’association), le Secours populaire a aménagé l’étage pour faire un bureau aujourd’hui relié à internet. Luzy est aujourd’hui l’adresse du siège social de l’association. Côtés locaux, Saint-Dizier et Langres se trouvent à l’étroit mais c’est à Bourbonne que des pourparlers sont en cours pour une éventuelle installation de l’antenne dans l’ancien abattoir de la cité Thermale.
-Implication à l’international. Les événements dramatiques ne manquent pas. Ainsi, le Secours populaire s’est impliqué pour venir en aide aux populations locales, en Ukraine, au Maroc, en Lybie, en Arménie et aujourd’hui au Moyen-Orient. « Nous avons mis en fonds d’urgence qui nous permet de débloquer rapidement des fonds, le temps que les appels aux dons que nous faisons produisent leurs effets », a expliqué Pascal Dehaese. Le Secours populaire de Haute-Marne participe aussi en région à un partenariat avec l’association moldave Millenium. Il est également partenaire de l’association ivoirienne DLPT (des livres pour tous) qui ouvre des bibliothèques partout en Côte d’Ivoire.