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Secours catholique : quand l’extrême pauvreté gagne du terrain

Un point de situation de l’état de pauvreté en Haute-Marne décrypté par le Secours catholique dont sa déléguée permanente, Anne-Fleur Clouard (au centre) et le trésorier, Philippe Rutard.

Social. Le Secours catholique dresse comme chaque année l’état de la pauvreté en France. La délégation Sud-Champagne nous éclaire sur la situation en Haute-Marne où plus de 800 ménages ont été aidés ou suivis en 2022.

Il est attendu chaque année à pareille époque. Le Secours catholique dresse le bilan de la pauvreté en France. Le bilan vient d’être publié, il se base sur les statistiques d’accueil des équipes du Secours catholique de l’année 2022. « Pauvretés : les femmes en première ligne ». « Oui, la pauvreté s’aggrave en France. Et elle touche en premier les femmes. » Ainsi débute le rapport pauvreté national du Secours Catholique. Localement, la Haute-Marne est rattachée à la délégation Sud-Champagne, avec l’Aube donc. Mais des bilans départementaux distincts sont réalisés et présentés par Anne-Fleur Clouard, la déléguée permanente du Secours catholique pour la délégation Sud-Champagne.

En Haute-Marne, les personnes aidées sont à 25 % des hommes seuls.

Elle anime les équipes de bénévoles et ne cache pas que, depuis la crise sanitaire du Covid, les rangs sont plus clairsemés même si « on dénombre entre 130 et 140 bénévoles en Haute-Marne pour quelque 300 à l’échelle de la délégation », résumait-elle le 30 novembre lors d’un point presse à Chaumont en présence de Philippe Rutard, trésorier de la délégation. En présence aussi d’ une bénévole chaumontaise. Le témoignage de cette dernière est à la fois éclairant et émouvant.

Cette dame a eu besoin de tendre la main à un moment de sa vie où elle devait nourrir ses enfants. Aujourd’hui, c’est elle qui vient en aide aux autres. « Nos actions », rappelle Anne-Fleur Clouard, « diffèrent selon les endroits, les besoins mais aussi selon la présence d’autres associations. » En clair, le Secours catholique oriente ses aides et ses actions pour qu’elles soient complémentaires de ce que font les autres associations comme le Secours populaire, les Restos du Cœur etc. La déléguée rappelle aussi que l’activité du Secours catholique prend la forme d’accompagnements individuels mais aussi d’actions collectives « car nous souhaitons aider les gens à rompre leur isolement (…) Ce qui compte pour nous c’est de mettre en avant la joie de la rencontre », précise la déléguée permanente de la délégation.

Vivre avec 750 euros par mois : c’est l’extrême pauvreté

Plus de 2000 personnes aidées en Haute-Marne.

Quand le Secours catholique indique que la pauvreté s’aggrave en France, force est de constater qu’en Haute-Marne aussi, la pauvreté gagne du terrain. Et on peut même parler d’extrême pauvreté. Car, les ressources, le niveau de vie médian, des personnes aidées par le Secours catholique en Haute-Marne est de 750 euros par mois. On est en dessous de ce qui est considéré comme un niveau de vie d’extrême pauvreté (807 euros par mois). En Haute-Marne, les équipes du Secours catholique ont rencontré plus de 800 ménages, soit près de 2000 personnes. « Un total de 386 ménages ont été suivis individuellement », précise Philippe Rutard. Les difficultés sont réelles, l’inflation sur les denrées alimentaires et sur le coût des énergies a plongé nombre de familles dans une extrême précarité.

C. C.

Des travailleurs pauvres

Près de 20 % des gens aidés ont un emploi, ce sont les travailleurs pauvres. « Oui, avec les coûts qui augmentent de toute part, la pauvreté s’aggrave y compris chez les gens qui travaillent », constate Philippe Rutard. En Haute-Marne, les personnes aidées sont à 25 % des hommes seuls, 20,6 % des femmes seules et 25 % des mères isolées. La pauvreté frappe à tout âge. Les personnes aidées ont entre 25 et 39 ans pour 32 % d’entre elles et sont âgées de 50 à 59 ans pour 26,5 %. « Le problème de la pauvreté des femmes est une réalité depuis longtemps », glisse Anne-Fleur Clouard pour rebondir sur le thème national. Elle rappelle, et c’est important, qu’au Secours catholique l’accueil est inconditionnel, « toute personne peut venir à notre rencontre. »

Plus de 40 000 euros d’aides accordés

Ce sont les travailleurs sociaux qui aiguillent le plus souvent les gens en difficulté vers le Secours catholique. Selon la situation du foyer, le dossier peut être présenté en commission d’aides. « Une aide ponctuelle peut parfois permettre de repartir du bon pied », indique Philippe Rutard. Bons alimentaires, aide au paiement d’une facture d’énergie, dettes de mobilité, électro-ménager à remplacer, les aides financières sont variés. En 2022, les aides aux ménages ont représenté une enveloppe de 40 000 euros. Le Secours catholique fonctionne avec des dons. Il est donc important de donner.

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