Sécheresse : une période charnière en agriculture
Sécheresse. Blé, colza, cultures de printemps souffrent actuellement d’un déficit hydrique. Or, ces productions sont dans une période charnière qui déterminera les rendements et la qualité. L’instant est grave.
En agriculture, les rendements de la prochaine moisson sont en train de se jouer. Franck Gallet, technicien à la Chambre d’agriculture, parle de la période actuelle comme « d’une période charnière et déterminante » alors qu’il n’a pas réellement plu depuis quatre semaines et qu’aucune perturbation n’est prévue durant les quatre semaines à venir.
Il ne souhaite pas dramatiser la situation mais, dans les cours de fermes, les agriculteurs s’inquiètent. « Jusqu’il y a quelques semaines, le potentiel dans les cultures d’hiver était prometteur mais il peut diminuer chaque jour qui passe. » Le technicien vise, en premier lieu, les terres superficielles du Barrois, dans le centre et le nord du département.
Après le déficit de 30 % dans les recharges hivernales, les pluies d’orage de la fin de semaine, au début du mois de mai, ont été bienfaitrices mais éparses et irrégulières d’après Météo France. Elles se sont plus particulièrement déversées sur le Bassigny avec, par exemple, 40 mm à Audeloncourt ou Noyers. Langres a aussi bénéficié de quelques pluies.
Dix à quinze jours d’avance
Au-delà de l’absence de pluies, le stade végétatif des cultures accentue la gravité de la situation. Franck Gallet juge « l’année précoce de dix à quinze jours avec des blés qui arrivent épiaison et qui ont besoin d’eau ». A ce stade, les agriculteurs distribuent le dernier apport azoté pour le remplissage des épis.
Or, il sera inutile s’il ne pleut pas d’ici le mois de juin. Des impasses sont prévisibles d’autant plus que le coût des engrais actuellement très élevé du fait de la guerre en Ukraine.
Franck Gallet prend des pincettes dans ces prévisions sachant que la météo n’est pas une science exacte. Mais, il rage de constater que la culture de colza faisait (un peu) son retour en Haute-Marne, que le fleurissement avait été plus que correct et que les ravageurs (grosse altise) avaient limité leur attaque.
Là encore, il parle de la période actuelle comme d’une période charnière, celle du remplissage des siliques et de formation des graines.
Cultures de printemps
Pour les cultures de printemps, il n’est pas question de remplissage mais tout simplement de levée. Les orges de printemps sont actuellement en situation de stress hydrique et « si cela continue, des plants vont disparaître ». Pour les tournesols, la levée est particulièrement compliquée et, en plus, elle est contrariée par les oiseaux qui mangent les graines semées.
De la même manière, les maïs levés sont en souffrance et marquent le coup. « Les pieds se dégradent ». Maïs qui fait partie des fourrages pour l’alimentation des animaux. Les éleveurs s’en inquiètent du fait que les premières récoltes en foin et enrubannage sont en baisse de 30 à 40 % par rapport à l’an dernier. La qualité est bonne mais la quantité va manquer surtout s’il faut alimenter les animaux précocement.
Franck Gallet conclut son propos en donnant rendez-vous dans quinze jours, « pour effectuer un nouveau point ». L’état des cultures sera définitivement connu après la période charnière actuelle.
Frédéric Thévenin