Se sentir obligé – L’édito de Christophe Bonnefoy
On devrait se sentir obligé. Pour ceux qui nous entourent et sont particulièrement vulnérables au virus. Pour ces milliers de soignants, qu’on a passé des mois à applaudir à 20 h chaque soir mais, on en parle moins maintenant, continuent à travailler à flux tendu. A souffrir à flux tendu, pourrait-on même dire.
La voici, cette fameuse semaine de Noël. Le voici, ce tant attendu desserrement d’étau qui devait nous permettre d’ouvrir nos cadeaux d’un geste un peu moins crispé.
En juin, on espérait que dès septembre, la Covid-19 ne serait plus qu’un désagréable souvenir. C’est loin d’être le cas aujourd’hui. Parce que, peut-être, on s’est octroyé cet été quelques vacances qui n’auront fait du bien que dans l’instant. Sûrement, également, parce que le relâchement a été général à l’approche des fêtes. La faute à qui ? 50/50. Le gouvernement n’a pas vraiment donné la sensation de dominer totalement son sujet. Du confinement au déconfinement, en passant par le reconfinement partiel et un redéconfinement qui porte le nom de couvre-feu, peu sont ceux qui ont compris grand-chose à l’urgence de continuer à s’inscrire dans la prudence la plus extrême. On ne parle même pas des incohérences sur ce qui est essentiel et ce qui ne l’est pas. Demandez aux petits commerçants. Demandez aux restaurateurs. Demandez au acteurs de la culture…
On pourrait le répéter à l’envi pour chaque
semaine qui passe, mais celle-ci sera cruciale. Particulièrement à un moment où
ces courbes qui nous ont cassé le moral pendant des mois repartent à la hausse.
Et précisément à cet instant, où les Britanniques reconfinent plus strictement
et annoncent l’arrivée d’une nouvelle souche du virus, de surcroît « hors de
contrôle ».
On devrait se sentir obligé. On regarde pourtant arriver une troisième vague en
pensant un peu plus chaque jour qu’elle est inéluctable. Alors qu’elle est
évitable…