Se hâter lentement – l’édito de Patrice Chabanet
Emmanuel Macron persiste et signe. Pas question de se renier sur ses propos dans lesquels il affirmait que « rien n’était exclu », à savoir l’envoi de troupes en Ukraine. Hier, à Prague, il en a rajouté une louche : « Il ne faudra pas être lâche », une attaque à peine déguisée contre le chancelier allemand, arcbouté sur une position d’extrême prudence. D’où cette impression de mésentente dans le couple franco-allemand.
Le facteur humain n’est pas étranger à ce qui peut passer pour une brouille. Le courant ne passe visiblement pas entre Olaf Scholz et Emmanuel Macron. D’autres facteurs ont un rôle plus déterminant. Parmi ceux-ci l’Histoire et la géographie. Les Allemands sont plus sensibles que les Français au danger que pourrait représenter un embrasement de la région. Si, par exemple, la Pologne devait être attaquée, l’Allemagne se retrouverait directement face à l’armée russe. Une hypothèse totalement exclue il y a quelques mois, devenue plausible aujourd’hui.
En fait, les positions allemande et française ne sont pas aussi éloignées qu’il n’y paraît. Paris dit : préparons-nous au pire. Berlin affirme implicitement : on n’est pas prêt. Une question de timing. Les deux pays sont d’accord sur un point essentiel : l’absolue nécessité de se réarmer. Mais pour cela il faut du temps, beaucoup de temps dans une guerre imprévisible. Trois ou quatre ans au moins. En attendant la revitalisation, pour ne pas dire la re-création, d’une industrie de guerre tient plus de l’incantation que du réalisme.