Scène de violence conjugale sous l’œil d’une caméra
TRIBUNAL CORRECTIONNEL. A Wassy, c’est un des trois enfants du couple qui a filmé avec son smartphone la violente dispute entre un père alcoolisé et une mère qui ne voulait pas laisser à son conjoint les clés de la voiture.
Il buvait jusqu’à un litre de whisky par jour. Mais l’homme assure avoir mis un terme depuis plusieurs mois à cette surconsommation. « Ma compagne m’a fait arrêter », reconnaît ce Wasseyen. Mais samedi soir, c’est après être allé boire quelques bières qu’il est rentré à son domicile. Au grand dam de la mère de ses trois enfants – bientôt quatre. Une nouvelle dispute. Qui s’envenime lorsque le père de famille veut partir en prenant sa voiture. Alors qu’il n’a pas de permis. Alors qu’il est alcoolisé.
Les voisins entendent des cris. La gendarmerie est appelée, l’homme interpellé. Sa conjointe – qui ne portera pas plainte – présente des plaies à la jambe droite, des marques autour du cou, stigmates d’une altercation traumatisante pour les enfants. « On voit sur la vidéo la petite de 7 ans qui est constamment collée à sa maman », souligne la présidente du tribunal. Car la scène – ou du moins une des scènes de cette soirée – a été filmée à l’aide d’un smartphone par un autre enfant du couple. Elle a été diffusée dans la salle du tribunal correctionnel de Chaumont, ce lundi 19 décembre.
« Des gens qui se chahutent »
Arrivé dans la salle d’audience entre trois gendarmes, Morgan S., qui sort de garde à vue et d’une présentation au parquet, reconnaît les faits. Qu’il a « bu un coup ». Que pour récupérer les clés de la voiture, « on en est venu aux mains ». Que « oui, je me rappelle l’avoir étranglée » même s’il assure ne pas se souvenir de tous les événements de la soirée. A cause de l’alcool. « La vidéo ne montre pas grand-chose, à part des gens qui se chahutent », tempère l’avocat du prévenu, Me Grosjean, qui souhaite mettre en avant « un contexte ». Si, lance-t-il à la présidente, « on vient chercher vos clés dans votre poche, vous ne seriez pas contente. Madame a allumé la flamme, elle cherchait l’altercation. »
C’est au regard de ce même contexte – un couple au bord de la rupture, l’alcool, une dépression – que le parquet n’a pas demandé une peine d’emprisonnement ferme, même s’il a été rappelé lundi l’existence de onze mentions sur le casier judiciaire du prévenu – dont une, en 2014, déjà, pour violence conjugale. Verdict : douze mois d’emprisonnement, dont six ferme pour Morgan S. Et des obligations. Notamment celles de soigner son addiction à l’alcool mais aussi son état dépressif.