La scène bragarde a perdu son rythme
Ils ont été réduits au silence. Depuis la crise sanitaire de la Covid-19, les groupes de musique ne peuvent plus se produire en concert et ont du mal à faire avancer leurs projets. Mais, à Saint-Dizier comme ailleurs, ils restent motivés et ont les yeux rivés sur la reprise.
« Les concerts nous manquent. Le fait de partager, d’émouvoir les autres… On se rend compte qu’on a vraiment besoin du contact du public et que ça nous fait avancer. » John Bidelot, chanteur de Calice, décrit en ces termes le sentiment qui a émergé depuis quelques mois. Un sentiment partagé par tous les membres de ce groupe de métal djentcore, et par d’autres musiciens du secteur. La crise sanitaire leur a coupé l’herbe sous le pied. Ils ont dû dire au revoir à la scène, n’ont pas pu se retrouver aussi souvent et parfois ont pris du retard sur leur projet. La vie culturelle, à l’arrêt, continue de souffrir.
Thomas Le Corguillé est le chanteur et guitariste de Stagaddon, groupe de rock né au printemps 2019. A part dans le cadre d’un tremplin, cette formation n’a jamais pu se produire en concert. Les musiciens n’étaient pas dans l’optique d’en faire beaucoup. Mais quand même. « Cette musique est faite pour être jouée sur scène », assure Thomas Le Corguillé, qui faisait partie des Gentilshommes de fortune, auparavant. « On reste tous motivés. Mais quand on fait des concerts, ça re-motive. Ça permet de faire évoluer et avancer le projet. On n’a pas une ambition démesurée. Mais on aimerait que ces chansons aient l’opportunité de rencontrer un public, et ça ne peut se faire que par la scène. »
« Les chansons ont besoin d’être usées sur scène »
Le retour du public compte beaucoup. « Les chansons ont besoin d’être usées sur scène, d’être jouées devant un public. Il va y avoir des réactions. Ça permet d’avoir ce travail de remise en question », continue Thomas Le Corguillé. « La musique est un moyen d’expression. Donc s’il n’y a personne pour échanger, ça a moins de sens. » Le chanteur de Calice est du même avis. « C’est facile de mettre un like sur une publication Facebook. Alors qu’en concert, on a des retours et des ressentis directs et on peut ajuster d’une manière plus efficace. »
François Griot, le batteur de Sixtine XX, abonde dans ce sens. « Les concerts sont importants pour tester les morceaux. En live, ce qu’on a prévu comme arrangement ne fonctionne parfois pas. » Une affirmation d’autant plus pertinente pour ce groupe de rock instrumental, qui tend vers une certaine complexité. Sixtine XX avait sorti son album “Jane” début 2020 et devait faire son tout premier concert en mars. « Mais il n’a jamais eu lieu », explique François Griot.
Sortie d’album retardée
En 2020, les répétitions se sont faites plus rares, alors que c’est essentiel. « Dans la musique amplifiée, il faut qu’il y ait un ressenti, ensemble, des chansons », explique Thomas Le Corguillé. Les quatre membres de Staggadon en ont fait quelques-unes à la fin de l’été et au début de l’automne dernier. Mais ils continuent de travailler à distance. « On s’envoie des sons par internet. On maîtrise de plus en plus », explique l’homme originaire de Saint-Dizier. Les musiciens ont composé de nouveaux morceaux et vont sortir un nouvel EP courant mars, sur le site bandcamp. Un ensemble de cinq titres, qui s’appellera “Cœur de tonnerre”.
Les membres de Calice, quant à eux, ont l’occasion de se voir de temps en temps. Mais l’année dernière, ils ont pris du retard sur leur nouvel album, qui était prévu pour 2020. Même si les cinq musiciens prévoient de faire des premiers enregistrements en auto-production, ils ne savent pas encore quand ils pourront entrer en studio. Ils regrettent, encore et toujours, de ne pas savoir quand ils retrouveront la scène, leur « carburant ».Clotilde Percheminier
c.percheminier@jhm.fr
Du positif, quand même
Malgré l’arrêt des concerts, cette pause a permis à certains groupes de plus travailler sur les compositions. C’est le cas de Calice, Stagaddon, qui va sortir un EP, mais aussi de Sixtine XX. Les quatre musiciens ont accouché de trois nouveaux morceaux et en ont retravaillé d’autres, plus anciens. « Avec la crise sanitaire, on essaye de nouvelles choses », explique François Griot. Sixtine XX continue de se voir et de répéter régulièrement, environ deux fois par mois. Une bonne chose, qui leur a permis de rapidement connaître leur nouveau bassiste, Jonathan.
Les musiciens de Stagaddon en ont profité pour élargir leur horizon. « On s’est équipé un peu plus : carte son, ordinateur… Ça demande des connaissances techniques et on a tous beaucoup progressé. Musicalement aussi, ça nous a ouverts vers d’autres formes de musique et d’arrangements », détaille Thomas Le Corguillé.
Pour plus d’informations, les groupes ont tous une page Facebook. On peut aussi écouter leurs titres sur sixtinexx.bandcamp.com, caliceofficial.bandcamp.com et stagaddon.bandcamp.com
Stagaddon a sorti son deuxième EP il y a un an, mais depuis, n’a pas pu faire de concert. (Photo D. R.).
Sixtine XX a accueilli un nouveau bassiste dans le groupe, Jonathan. (Photo D. R.).
Les musiciens de Calice se sont rendu compte que faire des concerts les motivait beaucoup. (Photo Christophe Bonnefoy).