Commentaires (0)
Vous devez être connecté à votre compte jhm pour pouvoir commenter cet article.

Savoir déléguer – L’édito de Patrice Chabanet

 

Ils n’y ont pas échappé : les gilets jaunes se sont désigné huit porte-parole. Ce faisant, ils entrent dans une nouvelle phase de leur mouvement, à savoir l’élaboration d’un embryon d’organisation. En même temps, ils commencent à en mesurer toutes les difficultés, comme les connaissent à leurs débuts tout syndicat, tout parti politique ou toute association. En l’occurrence, une partie de la base conteste déjà le mode de désignation et, donc, la représentativité des porte-parole. Dissensions normales dans un mouvement spontané de masse, profondément égalitaire, qui se méfie comme de la peste de l’avènement d’un appareil de type politique ou syndical. Le fait que la parole ne sera pas portée par une seule personne, mais par huit, est significatif à cet égard.

Autre difficulté : hiérarchiser les revendications. Au fil des jours, elles se sont singulièrement multipliées. Cela va de la baisse des taxes à la création d’une assemblée citoyenne, en passant par la baisse du pouvoir d’achat et la suppression du …Sénat. Cela fait penser aux cahiers de doléances de l’Ancien régime. On est loin de la simple question du prix du carburant. La revendication prend une coloration plus politique, un peu à l’instar de ce qui s’est passé en Italie avec le Mouvement 5 étoiles. Un front de plus pour Emmanuel Macron, mais pas une bonne nouvelle non plus pour les partis qui, quoi qu’ils en disent, voulaient récupérer cette contestation populaire.

On attend maintenant la réaction du chef de l’Etat qui s’exprimera aujourd’hui sur cette crise. Visiblement, il a (enfin) compris le message. Le plan mobilité présenté hier par la ministre des Transports insiste lourdement sur l’amélioration des infrastructures dans la France périphérique. Il n’y est plus question de péages urbains. Entre la désignation de porte-parole d’un côté et le tout début de la prise en compte de certaines revendications de l’autre, on sent l’amorce d’un dialogue qui ne veut pas encore dire son nom.

Publié le 27 novembre 2018

Sur le même sujet...

édito
Secousses sociales – L’édito de Patrice Chabanet
Edito

Les tumultes qui secouent la scène internationale ne parviennent plus à couvrir les craquements de notre économie. Casino et Duralex, pour citer des noms emblématiques, luttent pour leur survie à(...)

édito
L’air étonné – L’édito de Christophe Bonnefoy
Edito

Il fut un temps où La France insoumise avait un potentiel pouvoir de séduction. Une époque où le côté Robin des Bois pouvait agir comme un aimant auprès des électeurs,(...)

édito
America is back – L’édito de Patrice Chabanet
Edito

Joe Biden veut aller vite. Trop de temps perdu dans les guérillas de politique intérieure. Des semaines et des semaines à faire attendre les Ukrainiens. Dans une démarche de compensation,(...)