Sauve qui peut – L’édito de Patrice Chabanet
Cette épidémie ne nous aura rien épargné. On la croit presque terrassée et voilà qu’elle réapparaît, narquoise. Les pays dont on loue régulièrement le sérieux se font piéger comme des bleus. Actuellement c’est l’Autriche qui est prise dans la tourmente. Les taux de contamination y explosent. Aux grands maux les grands moyens : le gouvernement autrichien a décidé le confinement des non-vaccinés. Une décision qui a électrisé toute la classe politique européenne, malgré les situations disparates d’un Etat à l’autre. Il faut savoir en effet que l’Autriche a un taux de vaccination largement inférieur à ce qu’il est en France, par exemple.
Effet de contagion oblige, la question commence à se poser chez nous. Avec son lot inévitable de polémiques, les arguments des uns et des autres étant respectables. Pour les uns, il est normal que soit réservé un sort particulier aux non-vaccinés. Ils doivent assumer leur refus et en payer le prix. Pour les autres, il est discriminatoire de classer les citoyens entre vaccinés et non-vaccinés. Cela imposerait par ailleurs des montages juridiques aléatoires, même si en la matière la pandémie a fait apparaître des audaces qu’on ne soupçonnait pas…
Pour le moment, nous fait-on savoir officiellement, le confinement n’est pas encore à l’ordre du jour gouvernemental. La situation se tend, certes, mais reste sous contrôle. On doit se rassurer comme on peut : dans un domaine où les meilleurs spécialistes ne sont pas d’accord entre eux, les chiffres français nous éloignent encore du couperet du confinement. Mais qu’en sera-t-il dans une semaine, dans un mois ? La perfidie du Covid est de rebondir là où on ne l’attend pas et de déjouer les pronostics : à situation égale il peut jaillir ici et glisser là. Derrière le bouclier de la vaccination, une attitude s’impose : le fatalisme.