Santé : les maires ruraux ont leur mot à dire
L’association des maires ruraux a tenu ce samedi 6 novembre son assemblée générale à Chaumont. Invité par le président Krezel, son homologue de la Nièvre, Gilles Noël, est venu parler santé… et désertification médicale exhortant les maires à «manifester leur indignation.»
La santé, priorité numéro 1 des Français, enfin surtout dans les départements ruraux où l’offre et l’accès aux soins ne sont pas une évidence. Il était donc tout naturel que ces questions arrivent au menu des maires ruraux de Haute-Marne ce samedi 6 novembre à l’heure où l’association, présidée par le maire de Ceffonds, Éric Krezel, tenait son assemblée générale salle Niederberger à Chaumont.
Michel Fournier, président national de l’association des maires ruraux avait sympathiquement répondu à l’invitation des Haut-Marnais, tout comme Gilles Noël, président de l’AMRF de la Nièvre, spécialiste des questions de santé. Ce dernier n’y est pas allé par quatre chemins, n’hésitant pas à parler de désastre sanitaire français avec une démographie médicale qui n’en finit plus de se détériorer. «Notre responsabilité est de ne jamais renoncer et de manifester notre indignation», a-t-il souligné, n’acceptant pas que ce débat soit parfois «confisqué» aux élus ruraux.
Gilles Noël a livré un certain nombre de données pour éclairer la réflexion des élus présents. Et certaines font froid dans le dos quand on apprend qu’à la campagne un homme à 2,2 ans d’espérance de vie en moins qu’en ville, c’est – 0,9 pour une femme. Et que dire «des chances de survie» en cas de problème vital de santé quand on est éloigné des grands hôpitaux. Gilles Noël a communiqué des éléments contenus dans une étude produite par l’association des maires ruraux de France, disponible sur le site internet, et qui s’intitule «Accès aux soins en milieu rural, la bombe à retardement ?», qui s’appuie sur les travaux d’un chercheur, Emmanuel Vigneron. Il y a donc bien une France de la santé à deux vitesses. En Haute-Marne, on sait ce que c’est.
Le préfet a rappelé les travaux menés dans le cadre de la conférence santé pour le centre et le sud de la Haute-Marne, «nous sommes à la veille de décisions importantes», a-t-il précisé. La fin du numerus clausus (on formera logiquement plus de médecins) ne portera ses fruits qu’en 2030. Et encore, a prévenu Michel Fournier, avec le changement de mode d’exercice de la médecine, il faudra plus de médecins pour remplacer ceux qui vont partir à la retraite. Ne plus laisser entièrement le choix de l’installation des médecins libéraux ? Hier, à l’AMRF 52, les élus qui ont pris la parole ont clairement dit qu’il n’y avait pas d’autres solutions. Mais «il nous faut aussi balayer devant notre porte», a suggéré Gilles Noël. Il parlait de la concurrence que se font entre elles les communes pour attirer des médecins qui vont ainsi aux plus offrants.
C. C.