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Santé : Le système pervers et ruineux des médecins intérimaires à l’hôpital de Chaumont

Le système des médecins intérimaires coûte, chaque année, trois millions d’euros à l’hôpital. Parfaitement légal, il permet une surenchère qui pousse à les payer 1 200 €… par jour. Les syndicats démontent ce système en parlant de mercenaires et de racket. Explications.

De 1 000 à 1 400 euros… par jour. C’est le salaire versé aux médecins intérimaires du centre hospitalier de Chaumont. Avec une moyenne de 1 200 € brut (1 000 € net). Pas étonnant que Claude-Henri Tonneau, ancien directeur de la structure, parlait d’un système ruineux qui touche toute la France.
A son époque, en 2016, le déficit de l’hôpital de Chaumont n’était encore “que” de 9 millions d’euros et, déjà, 3 millions étaient dus à cet intérim. Cette même somme est avancée encore aujourd’hui.
Ces médecins sont devenus « des mercenaires qui monnaient leurs prestations » d’après les mots d’un des trois syndicats implantés à Chaumont. Et effectivement, le système est bien huilé. Ils ont des agents (très bien rémunérés) qui discutent les contrats de 24 h. Contrats reconductibles à l’infini.
Dedans, tout est monnayé et à la charge de l’hôpital comme les frais de l’agence d’intérim, ou les frais de transport, en taxi, du domicile à l’hôpital et inversement. De la même manière, le logement est mis en balance avec mise à disposition d’une chambre d’hôtel. Pour l’anecdote, récemment, il a été proposé de loger gratuitement des médecins intérimaires dans des logements de l’hôpital. Ils ont refusé.
Un autre syndicat parle, ni plus ni moins, d’un racket sur les finances publiques. « Il faut des médecins pour la continuité des services mais le système gangrène le fonctionnement et la bonne marche des hôpitaux ». Ainsi, certains médecins font de l’intérim leur spécialité et choisissent ainsi de travailler que quelques jours par mois pour une rémunération supérieure aux titulaires. Le tout sans garde de nuit et sans garde le week-end. Pire : comme le disent les syndicats, « certains font leur job mais d’autres font le courant ». Il n’est plus question d’argent mais en virevoltant d’hôpital en hôpital, l’engagement au sein des équipes et auprès des patients est naturellement et fréquemment moins important.

Souffrir du manque d’attractivité
A Chaumont, les urgences sont particulièrement touchées par l’intérim médical. Une nouvelle fois, la ville et donc l’hôpital souffrent de leur manque d’attractivité. Et, comme le manque de médecins est national, une surenchère s’est mise en place. Le système est mêmes très pervers puisque les hôpitaux de proximité sont les plus fragilisés mais ils doivent aligner des salaires supérieurs aux grandes villes où la demande en médecin est moins forte. Par exemple, à Troyes, la fourchette de salaire est plutôt entre 1 000 et 1 200 € par jour qu’entre 1 000 et 1 400 €.
Quant au nombre de médecin intérimaire à Chaumont, il est très variable et, toujours selon les syndicats, « il reste flou ». Mais attention, depuis cette année et le groupement hospitalier territorial entre la Haute-Marne et la Côte-d’Or, la situation s’est légèrement modifiée à Chaumont avec l’arrivée de médecins spécialistes issus du centre hospitalier universitaire de Dijon. Ces missions sont autant de journées d’intérim en moins et de dépenses en moins. Cette année, le coût global aurait diminué de moitié mais la tendance reste fragile étant donné la démographie médicale.


A qui la faute ?
Il n’est nullement question, ici, d’incriminer les médecins intérimaires. Ils profitent d’un système totalement légal et d’un manque de médecins au niveau national. Pas question, non plus, de rendre coupable les directions de l’hôpital qui, en désespoir de cause, sont obligées de recourir à ce système.
Par contre, tous les syndicats sont d’accord pour dire qu’il faut encadrer ces pratiques d’un point de vue législatif. Ils pensent surtout aux agences d’intérim qui « s’engraisse sur le dos de la médecine ».


Frédéric Thévenin
f.thevenin@jhm.fr

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