Santé : itinéraire d’un Chaumontais qui recherche un médecin dans un désert médical
Le départ annoncé de médecins de ville durant cette année entre dans les faits et, face à cette réalité, les Chaumontais cherchent des solutions. Témoignage de l’un d’eux à qui il a été proposé de prendre un médecin traitant à Bourbonne, Longeau ou Dijon. Il ne décolère pas.
Chaumont va perdre quatre de ses médecins de ville cette année. 8 500 patients vont avancer encore un peu plus dans le désert médical du territoire. Michel* Peureux est de ceux-là ainsi que son épouse et ses cinq enfants.
Après avoir vécu à Vesoul, il est revenu à Chaumont, il y a 15 ans, pour « se rapprocher de la famille ». Aujourd’hui, il le regrette presque.
Depuis 15 ans, justement, la famille avait pour médecin traitant le Dr Gérald Bélatèche et face à son départ, en mai prochain, elle se retrouve totalement démunie.
Handicapé, diabétique, Michel Peureux est parti à la recherche d’un nouveau médecin. Il a appelé l’ensemble des cabinets de Chaumont, des alentours et bien au-delà et toujours la même réponse : « nous ne prenons plus personne ». Après Chaumont, il a tenté Andelot puis, faute de places, s’est dirigé vers Biesles où le médecin a disparu du jour au lendemain, Montigny, Rolampont… A chaque fois, les secrétaires médicales le réorientent gentiment un peu plus loin. Il arrive alors à Bourbonne-les-Bains, Longeau ou Dijon. Il s’y refuse jugeant les distances beaucoup trop longues.
Une autre solution tout aussi inacceptable lui est alors proposée : « aller le soir, à partir de 20 h, aux consultations de l’hôpital pour le renouvellement des ordonnances. Nous sommes tombés sur la tête ».
Face à cette situation inextricable, Michel Peureux a contacté la caisse primaire d’assurance maladie qui l’a orienté vers un médiateur, M. Mauffrey. Il s’énerve encore un peu plus lorsqu’on lui dit : « en cas d’urgence, vous pouvez appeler les pompiers ». Pour lui, « ce n’est pas une solution » en pensant aux heures d’attente aux urgences avant de rencontrer un médecin, aux lits dans le couloir et à la crise sanitaire qui complexifie tout. Il confie que la solution trouvée par de nombreux Chaumontais est de filer à Neufchâteau ou à Dijon plutôt que d’affronter les urgences de Chaumont. « Un comble ! »
Quoi qu’il en soit, il trouve la situation lamentable et va jusqu’à se demander s’il faut qu’il vende sa maison. En tout cas, il « comprend que les jeunes et les familles ne reviennent pas à Chaumont ». Il en appelle au Préfet et à Christine Guillemy, maire de Chaumont, même s’il sait qu’elle n’a pas la compétence directe. L’homme ne décolère pas face aux inerties estimant qu’il y a urgence à améliorer l’attractivité de la ville.
Frédéric Thévenin
*Le prénom est un pseudo