Sans surprise – L’édito de Christophe Bonnefoy
C’était inéluctable. Programmé presque, même si le – faux – suspense a été entretenu pendant plusieurs jours. Intenable. François de Rugy a présenté hier sa démission du gouvernement. Une formule habituellement utilisée pour laisser entendre qu’un indésirable a été poussé vers la sortie. Qu’on est derrière ses troupes jusqu’au moment où on se met soi-même en danger. Ainsi, François de Rugy avait pu compter, les tout premiers jours de l’affaire qui le concerne, sur le soutien du Président Emmanuel Macron et de son Premier ministre, Edouard Philippe.
Mais ne nous y trompons pas. Si le ministre de la Transition écologique souhaite prendre du recul pour pouvoir se défendre – en l’occurrence, surtout, démonter point par point la cabale qu’il dénonce de la part de Mediapart, personne, ni à l’Elysée ni à Matignon, n’a sans doute tenté outre-mesure de le retenir. Chat échaudé craint l’eau froide.
Le gouvernement n’a pas la tâche facile depuis le début du quinquennat. En témoigne la cote d’un président de la République qui doit, l’un ne va pas sans l’autre, tout à la fois lutter pour imposer sa politique et se battre contre l’impopularité. Emmanuel Macron ne pouvait donc se permettre de vivre le même été que le précédent. L’affaire Benalla, disons-le clairement, a pourri la vie des institutions pendant des mois en 2018. Les révélations qui touchent François de Rugy sont, aussi et même si au bout du compte il n’y a peut-être rien d’illégal dans ce que dénonce Mediapart, de nature à décrédibiliser encore un peu plus la sphère politique.
D’autant plus dangereux, pour un Président qui a fait de la sauvegarde de la planète l’un de ses chevaux de bataille et qui voit, pour la deuxième fois après Nicolas Hulot, son ministre de l’Ecologie lui faire faux bond. Quand ça veut pas…