Sans suite ou presque – L’édito de Christophe Bonnefoy
Il n’y aura donc pas d’affaire Richard Ferrand. Judiciairement parlant en tout cas. Le parquet de Brest a tranché : les faits dénoncés par le Canard Enchaîné sur une affaire immobilière concernant la compagne du ministre ne constituent pas une infraction et ne sont pas de nature à déclencher une enquête. C’est clair, c’est net. Le plus fidèle parmi les fidèles d’Emmanuel Macron peut dormir tranquille, il ne verra pas la couleur d’une salle d’audience, ni même du bureau d’un juge. Malheureusement pour lui, ce n’est pas tant sur l’aspect judi-ciaire de ce qui lui était reproché par le Canard que les Français sentent la moutarde leur monter au nez. Mais plutôt sur la morale au sens large. D’ailleurs, les électeurs ont-ils disqualifié François Fillon en avril sur le simple fait que la Justice l’attendait au tournant ou ont-il voulu montrer leur ras-le-bol de pratiques – pas forcément condamnables du point de vue de la loi – dont ils ne veulent plus ? La réponse est presque dans la question.
Ce premier accroc du quinquennat est particulièrement gênant pour Emmanuel Macron, même si son entourage tente depuis quelques jours de déminer le terrain. Sa victoire s’est en grande partie construite sur une moralisation de la vie politique dont le garde des Sceaux, François Bayrou, avait fait une condition sine qua non pour rallier le futur Président. Et cette “non-affaire” – qui en est devenue une hier, du coup – rend un peu plus pâle le renouvellement appelé de ses vœux par le jeune chef de l’Etat. Dans la tête des électeurs, forcément : on change les têtes, mais les pratiques risquent de rester les mêmes.
Tout juste le Premier ministre Edouard Philippe voit-il dans les révélations du journal satirique matière à «débat». Et il a raison au moins sur une chose : ce sont les électeurs qui le trancheront. Et les adversaires politiques qui continueront à l’alimenter, sans doute.