Sans regrets – L’édito de Christophe Bonnefoy
Il y a quelque chose d’ahurissant à voir depuis deux jours les lieutenants de Jean-Luc Mélenchon tenter de justifier l’injustifiable. Et de pathétique, aussi. La grosse colère face aux policiers qui perquisitionnent les locaux de La France insoumise : en gros, « Je suis un méditerranéen, on ne va pas en faire tout un plat». La tentative d’humiliation d’une journaliste à l’accent, lui aussi, du Sud : «Je ne vais pas m’exprimer là-dessus, le son est mauvais», selon une proche du chef de file des Insoumis. L’ouïe sélective.
Voilà qui pourrait faire sourire. Et pourtant, Jean-Luc Mélenchon pèche précisément là où il reproche aux autres de ne pas être… irréprochables. On ne peut pas, un jour, approuver que la justice se mêle des affaires des adversaires politiques et le lendemain s’offusquer qu’elle frappe à votre porte. On ne peut pas, le matin, mettre en doute la respectabilité des médias et l’après-midi tout faire pour venir s’y répandre. Question de cohérence. Enfin, on ne peut pas parler au nom du peuple, des “sans-dents”, selon l’expression prêtée à François Hollande, et s’adjuger face caméra le rôle d’intouchable – «La République, c’est moi !».
Jean-Luc Mélenchon était hier entendu, non pas pour son coup de com’ raté de mercredi, mais dans le cadre de l’enquête qui vise son parti. On revient – enfin – aux choses sérieuses. L’ancien socialiste glissé à l’extrême gauche devra répondre un peu plus posément aux enquêteurs. Il pourra toujours arguer d’un coup politique destiné à l’éliminer, c’est pourtant la loi, et elle seule, qui sera le mètre étalon dans cette histoire.
Judiciairement, et politiquement donc, Mélenchon peut perdre beaucoup, comme il peut aussi à terme sortir grand gagnant, s’il s’avérait qu’il n’a rien à se reprocher. Pour le reste, le mal est fait : le visage qu’il a montré mercredi est loin d’être rassurant. Et il ne regrette rien. C’est tout aussi angoissant.