Sans règles – L’édito de Christophe Bonnefoy
Ce lundi aurait pu être beau. En théorie. Restrictions allégées, masque relégué au rayon des mauvais souvenirs, retour à une vie presque normale. Celle d’avant. « Un jour, j’irai vivre en Théorie ; car en Théorie, tout se passe bien ». Ce trait d’humour a tendance à pas mal circuler actuellement sur les réseaux sociaux. Et en l’occurrence, il se révèle on ne peut plus vrai. Car de la théorie à la pratique, il y a un monde.
D’abord, cet allègement de ce qui nous a pourri la vie pendant deux ans intervient à quelques semaines du premier tour de la présidentielle. Un peu comme si on voulait mettre – momentanément ? – de côté ce qui pourrait devenir handicapant, électoralement parlant.
Mais surtout, ce lundi a tout d’un lundi noir. Parce qu’au poids de la pandémie a succédé celui d’une guerre sans merci, qui a tout du conflit qui pourrait durer. Un « massacre », comme l’a qualifié le pape François. Au-delà des conséquences économiques qui sont en train de nous frapper de plein fouet, c’est en premier lieu la détermination aveugle de Poutine qui fait froid dans le dos. Et la méthode. Et le bilan humain. Les soldats tombent. Mais aussi – et surtout – les civils. Dans des frappes qui montrent à quel point le maître du Kremlin semble engagé dans une fuite en avant qui ne répond plus à aucune règle. Car aussi bizarre que cela puisse paraître, même une guerre répond traditionnellement à des règles. Pas là.
Poutine, pour parler de manière triviale, est en roue libre. Encore consent-il visiblement à parler à quelques présidents occidentaux, Emmanuel Macron en tête. Le lien n’est pas tout à fait rompu, mais le fou de guerre semble d’une surdité absolue. Prêt à tout, prêt au pire.