Sans en démordre – L’édito de Christophe Bonnefoy

Qu’on ne se trompe pas : le Conseil constitutionnel n’a pas à dire si la réforme des retraites telle que l’ont ficelée Emmanuel Macron et son gouvernement est bonne ou pas pour les Français. Il se cantonne à vérifier si elle est, totalement ou partiellement, dans les clous. Voilà qui pourrait retarder son application mais sans doute pas la réduire à l’état de poussière.

Les représentants syndicaux, ce jeudi, ne se sont pas hasardés à tirer de plans sur la comète. Pas dans le détail en tout cas. Ils attendent, on les comprend, les conclusions du Conseil pour préciser leurs intentions dans les semaines qui viennent. Comment en effet se positionner sur ce qu’on ne connaît pas encore… ? Mais en tout état de cause, une seule chose semble claire dans la bouche de Sophie Binet et Laurent Berger, pour la CGT et la CFDT : retrait de la réforme, sinon on continue la marche en avant, non silencieuse, sur fond de colère sociale, avec les risques que cela peut comporter. Même chose pour les oppositions politiques. Et quel que soit ce qu’annonceront les Sages.

Quand bien même ils valideraient la constitutionnalité de la réforme, à la CFDT, on annonce d’ores et déjà que l’action ne s’éteindra pas. Elle sera autre, différente, mais bien réelle. C’est le plus grand danger, désormais, pour l’exécutif : l’union syndicale. La rue s’épuise, peu à peu. Mais les deux principales centrales continuent, elles, à tabler sur une unité qu’on n’avait pas connue depuis longtemps. Le mano a mano se joue maintenant presque exclusivement entre des leaders syndicaux ragaillardis et un Président attaqué de toutes parts.

D’une certaine manière, le Conseil constitutionnel, en fin de journée, quoi qu’il dise, ne signera pas la fin de la contestation. Il influera juste sur la forme que syndicats et oppositions lui donneront.