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Sans en avoir l’air – L’édito de Christophe Bonnefoy

Lorsqu’un pays se porte comme un charme, on a plutôt tendance, sinon à oublier, en tout cas à n’avoir qu’un vague souvenir – ému ou pas – des anciens Présidents. A l’inverse, c’est lorsque la tempête fait rage que les “ex” se rappellent à nous.

Emmanuel Macron atteint une popularité record. Vers le bas ! Quoi qu’il fasse ou dise, ses adversaires ne se gênent pas pour l’asticoter, voire tenter le coup de massue fatal. Du coup, on (ré)entend ceux qui, en leur temps, avaient à affronter la grogne montante.

François Hollande, à coup de petites phrases, montre à quel point il n’a pas digéré le divorce prononcé unilatéralement par l’ancien ministre de l’Economie quelques mois avant la présidentielle. Nicolas Sarkozy, lui, pourrait essayer d’enfoncer encore un peu plus le clou. Contrepied total. Dans ce qui ressemble à une prise de hauteur, il demande au contraire, dans une interview au Point, qu’on «laisse du temps» au chef de l’Etat avant de le juger. Sans oublier, toutefois, de le mettre en garde contre la fascination du pouvoir.

Dans un cas comme dans l’autre, difficile tout de même de ne pas voir dans ces sorties un message subliminal qui pourrait se résumer en une phrase : «On a coupé avec la vie politique… mais il n’est pas impossible que vous entendiez reparler de nous». Même si, bien sûr, tous les deux s’en défendent, de manière plus ou moins marquée.

François Hollande comme Nicolas Sarkozy ont une longueur d’avance sur Emmanuel Macron : ils savent maintenant quelles erreurs sont à éviter. Conseiller le Président actuel à distance est donc aussi une manière de dire que s’ils revenaient aux affaires, ils sauraient désormais quels sont les écueils à contourner. Ça s’appelle poser des jalons… sans en avoir l’air.

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