Sale(s) coup(s) – L’édito de Christophe Bonnefoy
Rocky Balboa – Sylvester Stallone, si l’on préfère – aimait se faire du mal avant ses combats très hollywoodiens. On le voyait, sur grand écran, s’endurcir en martyrisant ses abdominaux plus que de raison. Ou courir dans la neige des plaines sibériennes par des températures dont on ne soupçonnait pas qu’elles puissent descendre aussi bas. Ça, c’est pour le cinéma. Bon, à la limite, peut-on supposer qu’un boxeur, dans la vraie vie, adopte le précepte du “dur au mal” pour arriver à supporter les coups de ses futurs adversaires.
Le petit écran des réseaux sociaux vient, lui, de nous porter un sacré coup au foie. On savait Rocky dans la perpétuelle exagération. On n’imaginait pas pouvoir, un jour, assister à un simulacre de noyade dans une école de police. En France. Pas de chance, les images ont fuité du lieu normalement très fermé d’une salle de formation des futurs policiers, près de Rouen. On peut se demander, en passant, quel était l’intérêt de filmer ce genre de situation, sinon à vouloir répondre à ses instincts les plus bas.
Bref, poser un t-shirt mouillé sur le visage d’une jeune recrue pour la pousser vers ses limites ou lui asséner des coups au ventre semblait là s’inscrire dans un objectif de blindage du corps et de l’esprit, si l’on peut dire. Rendre plus fort pour arriver à supporter toutes les situations, en quelque sorte. Evidemment, le formateur aux méthodes très particulières a été suspendu. Sans surprise, Gérald Darmanin a dénoncé la méthode.
Mais au-delà de ces faits précis, intolérables, le ministre de l’Intérieur n’avait pas vraiment besoin d’une telle affaire en des temps où la police est la cible, chez certains, de toutes les critiques. On sait très bien que dans certaines sphères, les agissements dénoncés seront utilisés pour, encore, s’acharner sur les forces de l’ordre dans leur ensemble. Ou quand l’image qu’on essaie de (re)construire peut en quelques secondes de vidéo s’effriter, par la faute de ce qu’on pourrait appeler une brebis galeuse.