Sale époque – L’édito de Christophe Bonnefoy
Tendre vers le vert, plutôt que le verdâtre. Ainsi pourrait-on résumer les objectifs des gouvernants de la planète – pas tous malheureusement – qui ont mis la transition écologique tout en haut de la pile des dossiers déjà prioritaires. Qu’on parle de “sauvegarde de l’environnement”, de “préservation de la planète”… on en revient toujours au même constat : il y a urgence.
L’urgence, c’est bien sûr de changer nos modes de fonctionnement pour cajoler une nature qui ne nous a jamais voulu de mal, mais qu’on maltraite à longueur de journée. C’est aussi, essayer de réparer, si c’est encore possible, ce qu’on a détruit par pure inconscience. Même si c’est bien connu, c’est la faute des autres, pas la nôtre.
C’est sans doute la faute des autres en effet, si le volume de déchets dans le monde ne cesse de croître. C’est l’ONU qui l’affirme : on aura, à l’horizon 2050 – c’est demain – dans le monde, deux tiers de déchets de plus qu’aujourd’hui. L’Organisation n’oublie évidemment pas de pointer qu’économie et santé en pâtiront sérieusement. C’est déjà le cas, rassurez-vous. Ou pas.
En toute logique, il sera bien compliqué de rendre leur pureté complète aux paysages aujourd’hui jonchés de déchets, là-bas, pas ici, on est bien d’accord, à ciel ouvert s’il vous plaît. Comble de l’ironie : dépolluer pollue. Aïe, avaient-ils pensé à ça, ceux qui pensent… ?
A notre petit niveau, ici, pas ailleurs, on pourrait tout bêtement mettre la main à la pâte. Eviter de la mettre à la fenêtre de la voiture pour jeter son mégot ou son sac vide de repas récupéré au drive le plus proche. Si, si, c’est du vu, c’est du vécu. Bien sûr, un mégot, c’est microscopique. Evidemment, un sac, ce n’est pas une tonne d’amiante oubliée là par un industriel peu scrupuleux.
Et même si on peut considérer qu’on se voit déjà imposer pas mal de choses en ce domaine, on peut toujours se dire que, quoi qu’on en pense, ce n’est pas (que) la faute des autres.