Saisies douanières : des chiffres stupéfiants
La pandémie mondiale n’a pas freiné les trafiquants de stupéfiants. Cocaïne et drogues de synthèse déferlent sur le territoire comme l’indiquent des données communiquées par la direction régionale des Douanes.
Ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin a décidé de s’attaquer aux points de deal afin de juguler un fléau d’ampleur mondiale. Les routes des stupéfiants sont connues. Composant de l’héroïne, le pavot est massivement produit en Afghanistan, la feuille de coca, à la base de la cocaïne, pousse en Amérique du Sud, le cannabis prolifère au Maroc et les drogues de synthèse, la MDMA, notamment, sont produites dans des laboratoires basés en Belgique ou en Allemagne. Le tout est acheminé en France comme ailleurs par des trafiquants internationaux rivalisant d’ingéniosité afin d’écouler d’importants volumes. Le trafic est lucratif. Le poids du trafic de stupéfiants est estimé, à l’échelle mondiale, à 250 milliards d’euros. A l’échelle nationale, le trafic de stupéfiants a généré en 2020, selon l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), un chiffre d’affaires de 2,7 milliards d’euros, soit 0,1 % du produit intérieur brut (PIB).
Le lucratif et florissant secteur du trafic de stupéfiants n’échappe pas à certaines tendances. La consommation de résine de cannabis et de marijuana demeure importante à l’échelle hexagonale. Comme l’indiquent différentes études, la France figure en tête des pays consommateurs en Europe, loin devant Pays-Bas, Allemagne, Portugal, Suisse ou Italie, où la consommation de cannabis a été dépénalisée. La consommation de cannabis semble toutefois stagner.
Constat similaire concernant l’héroïne, une drogue particulièrement présente dans des départements ruraux, comme en témoignent les ravages observés en Haute-Marne ou dans la Meuse.
D’autres drogues ont le vent en poupe. Autrefois réservée à une élite, la cocaïne déferle sur la France depuis dix ans. Le prix du gramme a chuté, passant de 100 à 60 € le gramme. La consommation de MDMA, amphétamines ou kétamine, autant de drogues de synthèse “bon marché”, a également bondi.
Trois millions d’euros de valeur marchande
Ces tendances s’observent à l’échelle de la région Grand Est et de l’ancienne région Champagne-Ardenne comme l’indiquent des chiffres récemment communiqués par la Direction régionale des Douanes de Reims. Si la mise à l’arrêt des moyens de transport observée à l’échelle mondiale en 2020 doit être prise en compte, les données sont stupéfiantes. En 2020, 115 g de cocaïne avaient été saisis en Champagne-Ardenne. Les saisies s’élèvent à 24 kg en 2021. La plus forte progression (1,3 kg en 2020, 50 kg en 2021, soit un taux de variation de 3 764 %) concerne les drogues de synthèse comme en témoigne l’interception de 50 kg de MDMA et autres substances en Champagne-Ardenne, un territoire ouvert sur de nombreux pays producteurs.
Témoignant de l’ampleur du trafic et de l’organisation de réseaux structurés, les saisies, d’une valeur de trois millions d’euros, opérées en 2021 par les Douanes en Champagne-Ardenne sont en grande partie consécutives à des contrôles routiers.
Traversée par de nombreux axes autoroutiers, la Haute-Marne est notamment le théâtre de nombreuses saisies (lire ci-dessous).
Un autre moyen d’acheminement est également observé. Une méthode utilisée par consommateurs ou petits dealers : la voie postale. Un mode de livraison en hausse de 35 %.
Thomas Bougueliane
Des saisies régulières en Haute-Marne
Les saisies s’enchaînent à l’occasion des contrôles opérés par les fonctionnaires haut-marnais du ministère de l’Economie et des Finances. En novembre 2020, les douaniers avaient ainsi mis la main sur 4,8 kg d’héroïne dissimulés dans le véhicule d’un jeune lyonnais de retour des Pays-Bas avant d’intercepter un couple circulant en possession de 10 kg de marijuana dissimulés dans des caches aménagées. Le 18 mars 2021, les fonctionnaires de la brigade des Douanes de Chaumont interceptaient, à hauteur de Montigny-le-Roi, deux habitants de Valence (Drôme) de retour de Rotterdam (Pays-Bas). Les douaniers avaient mis la main sur 1 141 g de cocaïne dissimulés dans le coffre du véhicule. Le 26 septembre 2021, à l’occasion d’un contrôle sur l’aire autoroutière de Vesvres-sous-Chalancey, les fonctionnaires avaient découvert « dans le compartiment moteur » d’une berline une cache aménagée où avaient été dissimulés 14 kg d’ecstasy, 9 kg de kétamine, 1 kg d’amphétamines et 500 g de MDMA, des drogues de synthèse massivement produites dans des laboratoires clandestins belges ou allemands.
