Saint Roch en pèlerinage vers Grenoble

Une statue en bois polychromé de saint Roch, en place à l’église Saint-Brice de Chatonrupt, a été prélevée par une équipe d’un atelier de restauration de Grenoble. Protecteur des pèlerins, mais aussi de diverses confréries et corporations, saint Roch reviendra à une date indéterminée.

Selon la tradition chrétienne, le pèlerin et thaumaturge saint Roch serait né à Montpellier vers 1350 et serait mort en Italie vers 1378. Atteint de la peste et reclus dans un bois près d’une source, on raconte qu’un chien lui apportait un pain chaque jour. Sa statue de Chatonrupt a été remarquée l’an dernier par une conservatrice des antiquités et objets d’art de la Haute-Marne. Sur son conseil, la municipalité a pris l’initiative de la présenter au concours “Sauvez le patrimoine de votre commune”, organisé conjointement par le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) et l’Association des maires de France (AMF). En effet, d’un état global plutôt correct, cette statue est tout de même endommagée par des insectes xylophages. Si dans un premier temps cette œuvre d’art religieuse n’a pas été sélectionnée au concours, elle a été signalée à l’Agence nationale de gestion des déchets radioactifs (Andra) par Amy Benadiba, conservatrice du patrimoine à l’atelier de restauration-conservation, et laboratoire de recherche, Arc-Nucléart. Cet Atelier régional de conservation (Arc) de type Groupement d’intérêt public (GIP) est issu de l’association ProNucléart. Il est soutenu par le ministère de la Culture et est inclus dans l’enceinte du CEA à Grenoble. Or, la compétence que l’Andra de Bure s’est donnée, pour la remise en état d’objets d’art, concerne la Meuse et la Haute-Marne. Mardi 6 juin, Amy Benadiba et le conservateur-restaurateur de sculptures Frédéric Borlet se sont rendus à Chatonrupt, où ils ont été accueillis à l’église par le maire, Joël Agnus, et sa première adjointe Rosalia Quercy.

Marielle Girard, chargée de communication à l’Andra de Bure, était également présente.

Frédéric Borlet a tout d’abord effectué divers tests sur la statue, puis est revenu le lendemain, mercredi, pour en constater les résultats. Il a alors procédé à la pose de papier adhésif japonais, sur la sculpture, aux endroits où des écailles de peinture risquaient de chuter durant le transport à Grenoble.

Un traitement aux rayons gamma

Cette représentation remarquable de saint Roch est haute de 90 cm, large de 47 cm et profonde de 25 cm. Le protecteur des pèlerins, qui tient son bâton surmonté d’une gourde, est représenté porteur d’une besace. Il est accompagné d’un ange et d’un chien tenant une miche de pain dans sa gueule. Selon Frédéric Borlet, cette œuvre apparaît antérieure au XIX^e siècle, mais se verra peut-être attribuer une datation plus précise grâce à l’analyse des pigments qui la recouvre, ou du bois qui la compose. La conservatrice haut-marnaise l’a estimée du XVII^e siècle. Une chose est certaine : elle a été repeinte à plusieurs reprises. Le traitement réservé à cette statue, une technique de pointe, va notamment consister en une irradiation aux rayons gamma afin d’éliminer les ravageurs biologiques : bactéries, moisissures, insectes. Parti jeudi 8 juin vers l’Isère, le saint Roch de Chatonrupt reviendra magnifique et inoffensif : sans aucune trace de radioactivité selon son restaurateur.