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Saint-Dizier : Une réflexion en cours sur la pollution lumineuse

La pollution lumineuse est un phénomène de plus en plus pris en compte par les pouvoirs publics. Son impact sur la biodiversité mais aussi sur l’Homme a été prouvé par les scientifiques. A Saint-Dizier, la municipalité a débuté une réflexion sur le sujet.

C ’est un confort auquel on ne fait presque plus attention. L’éclairage public fait partie de la vie de tous les jours, ou plutôt de toutes les nuits. En France, on compte près de 11 millions de points lumineux qui s’ajoutent aux 3,5 millions panneaux publicitaires. Un confort qui a pourtant un revers puisque l’on parle plus en plus de pollution lumineuse.

Un impact important
sur la faune et la flore

Une conférence mettait le doigt sur ce problème samedi, au festival de Montier. « En ville, moins d’une vingtaine d’étoiles sont visibles à l’œil nu », expliquait ainsi Romain Sordello, ingénieur écologue à l’Agence Française pour la Biodiversité et au Muséum national d’Histoire- naturelle de Paris.

Selon l’Observatoire national de la biodiversité, qui a réalisé un travail de deux années avec des images satellites de la Nasa, 85 % du territoire français est fortement à très fortement pollué par la lumière artificielle. Une pollution « directement liée à l’urbanisation et à l’éclairage privé et public », ajoutait l’ingénieur.

Or la pollution lumineuse est un phénomène dont l’impact est néfaste à plusieurs titres. Il peut perturber le sommeil, limiter l’observation astronomique, mais il est aussi mauvais pour la biodiversité. « On pense aux chouettes ou aux chauves-souris, mais il y a beaucoup d’autres espèces nocturnes : elles représentent 28 % des vertébrés et 64 % des invertébrés. » Sans compter que les espèces diurnes aussi sont touchées car la prolongation des périodes lumineuses les empêche de se reposer. « Les animaux utilisent le ciel pour se repérer la nuit », ajoute Romain Sordello. « Les oiseaux se servent des constellations ou des étoiles brillantes comme référentiel ».

Quand la nuit est éclairée le comportement de certaines espèces peut être perturbé et le rapport entre prédateurs et proie modifié puisque ces dernières ne peuvent plus profiter de l’obscurité pour se protéger.

Le phénomène touche aussi la flore. « La lumière artificielle a un effet de désynchronisation. Elle peut faire croire à l’arbre que la mauvaise saison n’arrive pas et il ne perd pas ses feuilles au bon moment, ou on constate des retards dans l’arrivée des bourgeons. » Des modifications qui peuvent avoir des conséquences sur des écosystèmes entiers par un effet de cascade.

Depuis quelques années la réglementation française a évolué et plusieurs villes ont pris le problème au sérieux. De plus en plus de communes réduisent voire éteignent leur éclairage la nuit.

Des économies d’énergie aussi

À Saint-Dizier, la municipalité a entamé une réflexion sur le sujet comme nous l’a confirmé Franck Raimbault, adjoint aux Finances et à l’Environnement. Pour la Ville, lutter contre la pollution lumineuse englobe trois enjeux : « le plaisir de redécouvrir le ciel dans toute sa splendeur, avoir un impact moindre sur la biodiversité et les économies d’énergie », indique l’élu. « Nous menons une réflexion sur la possibilité de réduire l’éclairage de 23 h à 6 h du matin, ce qui correspond aux horaires où les rues sont le moins fréquentées. Nous avons une gestion différenciée de notre parc, en fonction des quartiers et de la fréquentation, on peut peut-être aller plus loin. Il y a des communes qui vont jusqu’à 70 % de réduction sans que ça pose problème ».

Si le chiffre peut paraître important, en réalité, la différence est peu perceptible par les humains contrairement à ce que l’on pourrait penser. En revanche pour les animaux le changement est très important, comme le confirmait Romain Sordello. « Nous ne sommes qu’au début de la réflexion, prévient Franck Raimbault. Cela ne s’improvise pas. Il faudra réunir les services impactés par une telle décision, communiquer avec la population et recevoir ses remarques. Mais on a déjà des retours d’habitants qui se manifestent spontanément pour nous dire combien ils pensent que c’est une aberration d’avoir autant de lumière au milieu de la nuit. » A suivre, donc.

Fr. T.

f.thore@jhm.fr

Et l’insécurité ?

C’est un des freins des pouvoirs- publics et une crainte de la population : est-ce que moins de lumière, ce n’est pas aussi plus d’insécurité. Selon les éléments développés par Romain Sordello, cette crainte ne se vérifie pas dans les faits partout où l’expérience a été menée. Au contraire, la lumière est parfois bénéfique pour les cambrioleurs, même si, rappelle Franck Raimbault, elle est aussi nécessaire pour l’efficacité de la vidéoprotection : « C’est une dimension à intégrer dans la réflexion », indique l’adjoint.

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