Une qualité de l’air à difficile à mesurer à Saint-Dizier
Environnement. La station de fond d’Atmo, qui mesure la qualité de l’air, est installée au Vert-Bois, sur le toit de l’école Louis-Michel. Une implantation loin des industries car destinée à mesurer la pollution liée au résidentiel.
Depuis de nombreuses années, la station Atmo France, qui mesure la qualité de l’air exposé à la population, est installée sur le toit de l’école Louise-Michel, au Vert-Bois. Un site au coeur des immeubles, près de la forêt, soit au premier abord loin de toutes sources de pollution. Une idée fausse car « au contraire, la première source de pollution est liée au chauffage alors que l’on fait toujours un raccourci avec les industries, l’agriculture et les voitures. La station n’est pas en pleine forêt mais en milieu urbain, dans du résidentiel avec un dispositif de chauffage collectif qui peut être au bois. A Saint-Dizier, la problématique porte sur les zones pavillonnaires, avec beaucoup de maisons qui se chauffent au bois », explique Emmanuelle Drab-Somessous, la directrice accompagnement et développement chez Atmo Grand-Est.
Plusieurs capteurs mesurent les polluants réglementaires, comme le niveau d’ozone, de dioxyde d’azote, de particules fines inférieures à 2,5 microns (PM2,5) et celles inférieures à 10 microns (PM10). Des données associées à de la modélisation pour définir le niveau de concentration des polluants. Le public peut donc connaître, via le site internet de la structure, la pollution de l’air.
Le reflet de la réalité ?
Mais ces chiffres reflètent-ils véritablement la réalité, sachant que les capteurs d’Atmo n’ont pas vocation à être installés dans les zones industrielles, potentiellement polluantes ? « Le secteur industriel est surveillé par les services de l’Etat, la Dreal. Mais nous pouvons effectuer une surveillance environnementale si c’est demandé par la collectivité », souligne Emmanuelle Drab Somessous.
Alors, dans une ville comme Saint-Dizier, où le résidentiel et les industries sont entremêlés, comment vérifier exactement la qualité de l’air ? Les riverains des Fonderies de Saint-Dizier, qui se plaignaient de subir des nuisances sonores et s’inquiétaient des poussières, avaient interpellé, il y a quelques mois, la mairie pour l’installation d’un capteur dans leur secteur. Cette demande, effectuée à l’oral, n’a pas abouti. Pour l’instant, ils n’envisagent pas de la réitérer, même officiellement.
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Un capteur pourrait pourtant permettre de recueillir de précieuses informations sur les émissions de polluants au coeur même des zones industrielles. Et ce d’autant que la Dreal confirme qu’à Saint-Dizier, il n’y a pas ce type de dispositif, jugé non nécessaire : « Au titre de la législation sur les installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE) dont la Dreal Grand Est a la charge, la réglementation en vigueur impose effectivement une surveillance à certaines installations classées. Or, il s’avère qu’aucun site présent sur les zones industrielles de Saint-Dizier n’y est assujetti. Dans ces conditions, la qualité de l’air peut régulièrement être appréciée sur la base des données d’Atmo Grand-Est. »
Une influence reconnue
Interpellée sur l’absence de capteur et le fait de juger de la qualité de l’air sans données provenant du coeur des zones industrielles, la préfecture de Haute-Marne a indiqué qu’elle « ne souhaite pas réserver une suite favorable à [notre] demande d’interview ».
En 2017, Atmo a publié des donnés sur la qualité de l’air à Mardyck, près de Dunkerque. L’organisme était chargé de surveiller la qualité de l’air, en lien avec les établissements Versalis France et l’Etablissement des Flandres (Total). Une station de surveillance était installée sur la commune de Mardyck, à proximité de ces industries. « Les résultats de mesures ont ensuite été comparés avec ceux des autres stations fixes les plus proches, de typologies variées », comme l’explique le rapport. Il est apparu que, « en 2016, les valeurs réglementaires ont été respectées pour les particules PM10, le dioxyde de soufre et les oxydes d’azote. Le secteur a bénéficié de bonnes conditions de dispersion, qui s’explique par la proximité du bord de mer ». Toutefois, « pour 70 % des mesures exploitables, l’influence des deux industries est observée, en particulier celle de Versalis sur les concentrations maximales ».
Au regard de cette étude, on constate un impact des industries sur l’air ambiant. Hélas, à Saint-Dizier, impossible de calculer son impact, faute de capteurs.
Marie-Hélène Degaugue
Les enjeux de demain
Une réunion annuelle est organisée entre Atmo et la collectivité qui accueille les capteurs. L’occasion pour la structure environnementale de proposer des outils ou des études en lien avec le climat. « Nous pouvons, par exemple, produire un inventaire des émissions de gaz à effet de serre, de carburants fossiles pour les accompagner dans leur plan climatique, leur plan de mobilité ou le changement de leur modèle de chauffage », indique Emmanuelle Drab-Somessous.
Atmo peut s’affairer également sur les polluants non réglementés, c’est-à-dire les pollens auxquels « 20 à 30 % de la population » sont sensibles. « Nous proposons une communication et des informations pour sensibiliser les gens, leur faire adopter les bons gestes ». Le pollen d’ambroisie, qui déclenche de fortes allergies, est ainsi fortement surveillé.