Un trésor « exceptionnel » au Musée de Saint-Dizier
CULTURE. La commune de Roches-Bettaincourt vient de déposer son trésor au Musée de Saint-Dizier. Un lot de 69 objets métalliques du IVe siècle, découverts en 2017. Une collection « exceptionnelle » à plus d’un titre.
A première vue, ces objets métalliques ne payent pas de mine. Une binette, un crochet de crémaillère pour suspendre un chaudron au-dessus du feu, un couteau de chasse, une assiette, un marteau de forgeron… Pourtant, c’est un véritable petit trésor qui vient d’être déposé au Musée de Saint-Dizier ; un ensemble de 69 objets métalliques, découverts par hasard en 2017, à Roches-Bettaincourt, et qui a fait l’objet d’une exposition en 2021.
« Un artisan contraint de quitter sa maison »
« On est au IVe siècle, à l’époque où les frontières de l’Empire éclatent complètement permettant aux populations d’Europe centrale d’arriver. Et on a un artisan qui se voit contraint de quitter sa maison et qui cache ses biens les plus utiles… Il ne reviendra jamais les chercher. » Ce n’est que 17 siècles plus tard que ces objets seront retrouvés. Et pour Thierry Bonin, Conservateur régional adjoint de l’archéologie à la Drac Grand Est, ces objets sont « exceptionnels » à plus d’un titre.
« On a un artisan qui se voit contraint de quitter sa maison et qui cache ses biens les plus utiles… Il ne reviendra jamais les chercher. »
Thiery Bonin, Conservateur régional adjoint de l’archéologie à la Drac Grand Est
« Pour des objets en fer, ils sont dans un incroyable état de conservation. Quand on les prend en main, on a l’impression qu’on peut les utiliser tout de suite. » Et Thierry Bonin de poursuivre : « En général, on trouve plutôt des trésors monétaires. Rarement des lots d’objets qui racontent autant de choses sur la vie de leur propriétaire. » Pour Laurent Hasselberger, le maire de Roches-Bettaincourt, la découverte est également intéressante, car « elle permet de se rendre compte de ce que les habitants du village faisaient à cette époque. »
Contraint par la place, le Musée ne présente que quelques objets de ce trésor, « une dizaine de pièces représentatives, avec de l’outillage pour le travail du bois, de la terre ou du métal, et des objets liés à la préparation du repas », détaille Clément Michon, conservateur du Musée. Sans oublier deux pièces phare de la collection : une tôle d’applique au repoussé décorée d’une scène pastorale et une statuette de divinité féminine.
« On complète l’histoire de notre territoire »
Ce dépôt de la commune de Roches-Bettaincourt permet également au Musée de Saint-Dizier de combler un manque. « On a un vide entre l’époque romaine de la villa des Crassées et le VIe siècle des trois tombes de chefs. Avec ce dépôt, on complète l’histoire de notre territoire », se réjouit Elisabeth Robert-Dehault, adjointe en charge de la préservation du patrimoine. Un complément que le public peut découvrir dès à présent au Musée. En attendant son déménagement, qui permettra sans doute d’exposer les pièces les plus spectaculaires de ce trésor de Roches-Bettaincourt…
P.-J. P.