Saint-Dizier. Un sentiment d’abandon pour des locataires d’Esterel
Au Vert-Bois, des locataires de la tour Esterel déplorent le manque d’entretien des parties extérieures par leur bailleur, l’OPH. Dix-huit d’entre eux sont prêts à rompre leur bail, à compter du 1er septembre.
«Le Vert-Bois, c’est aussi Saint-Dizier. » Depuis trois ans, Jean-Luc Amelon réside dans l’immeuble Estérel, au nord du quartier qui est le sien depuis 1973. Depuis des années, il possède la casquette de représentant des locataires auprès de l’OPH de Saint-Dizier (Office public de l’habitat), en charge de 3 500 logements sur la cité. Dont l’immeuble Esterel. Depuis plusieurs semaines, celui qui est par ailleurs élu à la CNL (Confédération nationale du logement) a de nombreux retours de locataires « qui déplorent l’absence d’entretien des parties extérieures ».
Herbes folles
Pour mieux comprendre le sujet, nous avons rendez-vous sur place, mardi 17 août. Sur le parking de la résidence, Jean-Luc Amelon est désabusé : « Regardez toutes ces herbes qui sont là, vous trouvez ça propre ? » Des herbes folles, des chardons, des tas de feuilles mortes se sont incrustés dans les recoins, le long de la grille, et autour de l’immeuble. Directrice générale de l’OPH, Delphine Paillardin le reconnaît en partie : « Je suis passée il y a trois semaines et à l’instant (vendredi midi). Oui, il y a des chardons brûlés et quelques herbes. Mais c’est normal depuis que l’on ne peut plus utiliser des produits phytosanitaires ». Mais pour le représentant des locataires, la solution est toute trouvée : « Pourquoi on ne les brûle pas comme c’est fait en centre-ville ? »
Pelouses trop hautes
En progressant dans la résidence, Jean-Luc Amelon nous montre les pelouses assez hautes. De quoi cacher les luminaires installés au sol. « Il a plu quasiment tout le temps. Le contrat prévoit huit tontes par an, de mai à octobre, soit une toutes les trois semaines. Cela coûte 50 000 € à l’année », (pour l’ensemble du parc) répond la directrice de l’OPH.Lors de la dernière réunion de concertation fin juillet, Delphine Paillardin assure avoir proposé un compromis à Jean-Luc Amelon, qui soulignait ce problème : « Les huit tontes ne sont pas suffisantes ? Pas de problème, on peut passer à 12 ou à 16 en faisant un avenant au contrat. Mais dans ce cas, on passe à 75 000 ou 100 000 €. Et donc les charges locatives seront plus élevées ».
Incivilités
Direction la cour intérieure de la résidence, où nous tombons sur deux locataires. Au menu de la discussion, les incivilités. Au loin, Jean-Luc Amelon nous montre des sacs de fast-food et un pack de bières, abandonnés dans des coins où les herbes sont à une belle hauteur. La discussion se fait devant un préservatif qui, d’après Jean-Luc Amelon « traîne là sur le sol depuis deux semaines ». Là encore, Delphine Paillardin se défend : « ce n’est pas l’OPH qui est venu laisser un préservatif. Quand on dit de ne pas jeter de pain pour ne pas attirer les oiseaux mais qu’on en retrouve au pied des immeubles… » Une façon de dire que certains manquent de civisme, ce qui illustre les propos d’une petite dame confiant que « tout passe par les balcons ».
Volonté de départ
Cumulés, ces éléments font qu’un sentiment de ras-le-bol gagne les locataires. « Nous sommes dix-huit de la même résidence à envoyer notre rupture de bail le 1er septembre », ajoute Jean-Luc Amelon.
Coup de bluff ou volonté bien réelle ? Pour la retraitée, la décision est prise : ce sera le départ. « Je suis arrivée ici en février 1971. Avant, c’était un quartier plaisant. Maintenant, c’est dans un état déplorable. Il y a des herbes un peu partout. C’est sale. Les gens ne disent plus bonjour. Je tombe en déprime, c’est pour ça que je pars après 50 ans ».
Affaire à suivre.