Saint-Dizier : Un distributeur pour lutter contre la précarité menstruelle
Depuis début décembre, la Mission locale de Saint-Dizier met des protections hygiéniques à disposition des jeunes femmes. Une façon de lutter contre la précarité menstruelle et mettre l’accent sur un sujet encore tabou.
Parce que la précarité menstruelle a déjà concerné au moins une fois 30 % des Françaises, d’après un sondage Ifop de mars 2021, la Mission locale de Saint-Dizier a décidé de se mobiliser.
Cet été, elle répond à un appel à projets de la Dreets, afin de lutter contre cette problématique. A la suite d’une réponse favorable, elle a reçu une subvention pour un an, lui permettant d’installer un distributeur de protections hygiéniques dans ses locaux, à destination des jeunes femmes âgées de 16 à 26 ans, du territoire.
Facile d’accès
Sur le distributeur conçu par une entreprise bretonne, un #ChangeonslesRègles a été apposé, comportant trois règles : pas de tabou, des produits sains et un accès gratuit. Autour, quelques rappels, comme la nécessité de se laver les mains avant et après un changement de protection, ne pas porter de tampon plus de 6 h et hors période de règles, ou encore de ne jamais jeter ses tampons dans les toilettes. Et en bas de l’objet, quatre ouvertures pour quatre types de protection : « Nous avons des serviettes ordinaires, des serviettes super, des tampons avec et des tampons sans applicateur », précise Maud Renaudin. Le choix varie en fonction du flux sanguin de chacune.
Pour cette première année, un stock de 6 000 protections est à disposition. C’est anonyme et gratuit. Il suffit de se rendre sur place (au 4 rue Godard-Jeanson), à gauche à l’entrée de la Mission locale, et de se servir librement, sans limite. Y compris les hommes : « Ils sont indirectement concernés, car ils peuvent connaître une sœur ou une amie dans cette situation ».
Un sujet encore tabou
Si le gouvernement s’est penché sur la question en 2019, le sujet de la précarité menstruelle – et des règles de ma-nière générale – reste tabou. Et les conséquences sont multiples. A commencer physiquement, car « certaines femmes qui ont peu de moyens se protègent avec n’importe quoi, ce qui peut provoquer un choc toxique, des démangeaisons ou des problèmes urinaires ». Des conséquences également socialement : une baisse de l’estime de soi, engendre une limitation des interactions sociales et peut favoriser par exemple le décrochage scolaire, ou l’absentéisme au travail (pour le cas des plus jeunes).
Toujours est-il qu’à Saint-Dizier, Maud Renaudin ressentait le besoin de la mise en place de ce distributeur. Un exemple lui vient en tête : « Au cours d’un entretien avec une jeune femme, c’est arrivé à ce moment-là. Elle n’avait pas de protection et était paniquée. » En sachant que, systématiquement, une trousse d’hygiène est remise lors des entretiens individuels.
Désormais, la chargée de projet attend que le bouche-à-oreille fasse son effet et que les premières personnes osent venir, pour créer un effet boule de neige.
Louis Vanthournout
l.vanthournout@jhm.fr