Motiver les femmes à revêtir l’uniforme rouge à Saint-Dizier
sécurité. Une campagne de recrutement des femmes a été lancée par les sapeurs-pompiers sur les réseaux sociaux. Adeline Guillemant, professionnelle à la caserne de Saint-Dizier, explique son parcours et ses motivations.
Après une formation aux premiers secours quand elle était lycéenne, Adeline Guillemant s’inscrit à l’université dans la filière Staps, qui forme des professeurs de sport. Elle s’engage également comme sapeuse-pompière volontaire. Elle ne raccrochera plus son uniforme de soldat du feu. Âgée de 29 ans, elle est devenue professionnelle avec le grade de lieutenant.
Le Journal de la Haute-Marne : Quelles raisons vous ont poussé à vous engager ?
Adeline Guillemant : Celles de pouvoir aider les autres et d’être utile. On ne sait pas de quoi va être faite la journée, c’est un métier qui bouge, qui évolue.
JHM : La forte proportion d’hommes ne vous a pas rebuté ?
A. G. : En Staps, il y a déjà une majorité de garçons et j’avais l’avantage d’être sportive. Il ne faut pas avoir peur de ça, on est bien accueilli, il n’y a pas de différenciation.
JHM : Les affaires de viol et d’agressions sexuelles ne vous ont pas fait peur ?
A. G. : Je n’avais pas de crainte. Les personnes à qui cela arrive doivent en parler.
JHM : Une femme peut-elle en faire autant qu’un homme ?
A. G. : Biologiquement et physiquement, nous ne sommes pas pareils, nous n’avons pas le même taux de testostérone. Mais il y a de la place pour tout le monde, il y a des postes différents sur les interventions et nous ne sommes jamais seuls.
JHM : Faut-il savoir s’imposer ?
A. G. : Pas forcément, cela dépend de l’équipe. Il faut avoir du caractère.
JHM : Comment est perçue votre présence chez les hommes ?
A. G. : Depuis 2012, les mentalités ont changé, il y a une acceptation. Il faut de moins en moins prouver que l’on peut faire aussi bien qu’un homme.
JHM : Les femmes ont la réputation d’apporter rigueur et sensibilité. Qu’en pensez-vous ?
A. G. : Un homme peut aussi être très sensible. Je dirai plutôt que cela permet d’apporter de la diversité, d’autres caractères. Dans certaines situations, comme une affaire de maltraitance, parler avec une femme peut être plus facile pour certaines victimes. Mais de toute façon, on ne choisit pas qui part en intervention.
JHM : Peut-on être maquillée et sapeuse-pompière ?
A. G. : Les bijoux sont interdits mais on peut se maquiller et avoir les ongles vernis. Certaines filles ont ce besoin de féminité, moi, je ne me maquille pas.
JHM : Comment envisagez-vous votre parcours ?
A. G. : J’ai un peu quitté le terrain pour le bureau. Je m’occupe de réaliser des retours d’expérience après les interventions, pour les améliorer. Je vais prendre mon temps dans chaque fonction mais j’ai besoin d’évoluer.
Propos recueillis par Marie-Hélène Degaugue
Identifier les freins
Le Service départemental d’incendie et de secours (Sdis) travaille sur la féminisation des effectifs, conformément aux directives nationales. Fin décembre, il a lancé une campagne de recrutement, notamment sur les réseaux sociaux avec un appel et une vidéo. Pour ce faire, un groupe de travail avait été créé, comportant uniquement des femmes.
Il s’agissait d’étudier les freins de cette lente féminisation. « Il faut promouvoir le métier en allant vers l’extérieur. Axer sur l’esprit d’équipe. Montrer que la femme peut en faire autant. Former les chefs de centre au recrutement. Mais aussi adapter les locaux dans les casernes », liste Delphine Glowiak, chargée de misson féminisation et chef de centre à Eclaron.
Le groupe de travail a remarqué un point important : au bout de cinq ans, une femme sur deux met fin à son engagement en raison de la maternité. « Elles pensent qu’elles ne peuvent pas concilier vie privée, vie professionnelle et leur engagement ». En Haute-Marne, 19 % des effectifs sont des femmes.