Saint-Dizier. Météo : le mois de juillet devrait titiller les records

ENVIRONNEMENT. Le climatologue haut-marnais Alexandre Berger, prévoit une nouvelle vague de chaleur ces prochains jours dans le département. Les records historiques d’ensoleillement, de température et de sécheresse pourraient être battus à Saint-Dizier

Du 17 au 19 juin derniers, la Haute-Marne était frappée par la canicule. Passage en alerte orange, températures étouffantes bien au-delà des moyennes de saison, précipitations nulles pendant plusieurs jours… La plupart des activités prévues ce week-end-là, à Saint-Dizier, avaient été impactées : annulation du tournoi de foot féminin et des portes ouvertes du Club ovalie, vigilance maximale aux Crassées, le show dunk décalé en nocturne… Il a fallu s’adapter.

Nouvel épisode

Mais après une météo davantage en phase avec cette période de l’année, une nouvelle vague de chaleur va débuter dès aujourd’hui. Président de l’Association de climatologie de la Haute-Marne, AssoClimat52, Alexandre Berger joue la carte de la transparence : « J’espère que les modèles se trompent, mais le mois de juillet pourrait être le plus chaud. Plus encore qu’en 2003 et 2019 ».

Ce phénomène, le climatologue l’explique par « la Goutte froide, au large du Portugal. C’est elle qui génère la chaleur depuis le Sahara ». Concrètement, il s’agit d’une dépression tournant dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, qui engendre un vent important, du sud vers le nord. Sa durée, comme son intensité, demeurent indéfinies. Toutefois, « il suffit de pas grand-chose pour qu’elle parte, un petit quelque chose pour la pousser en dehors ».

Record à battre : 41,4°C

A Saint-Dizier, après avoir franchi la barre des 30°C mardi 12 juillet, le thermomètre va bondir soudainement dès cet après-midi : 35°C de 14 h à 20 h. Il faudra attendre jusqu’à 2 h du matin environ, pour que celui-ci repasse sous la barre des 20°C. Rebelotte lundi 18 et mardi 19 juillet, « avec un pic qui pourrait atteindre 42°C en Haute-Marne ». La nuit, la température ne devrait pas descendre en-dessous de 22°C. Conséquence directe, l’indice Atmo du Grand Est – indicateur sur la qualité de l’air – prévoit dès aujourd’hui, un passage de “moyen” à “dégradé”.

Globalement, la situation est tout sauf une surprise, comme nous le confie le climatologue, « Il y a un déficit de 40 % des précipitations depuis août dernier. Nous sommes à 600 mm, contre 1 000. La température moyenne a également grimpé de 1,3°C en un an. En termes d’ensoleillement, de sécheresse et de température, nous devrions battre tous les records. »

Pour rappel, le record enregistré en juillet à Saint-Dizier (comme dans toute l’histoire), date du 25 juillet 2019 : un pic à 41,4°C, relevé à 17 h.

Louis Vanthournout

l.vanthournout@jhm.fr

Les chiffres records de juin

Cette année, le pic de chaleur du mois de juin a été relevé samedi 18, en milieu d’après-midi, avec 37,3°C (à l’ombre). Un chiffre important qui n’est toutefois pas le record absolu du mois de juin. Il faut remonter pas si longtemps que ça en arrière, en 2019, le mercredi 26, où le thermomètre s’est hissé jusqu’à 38,1°C. Cela avait eu pour conséquence – notamment – la fermeture des écoles Albert-Camus et Langevin-Wallon, ainsi que celle de Villiers-en-Lieu. Nationalement, le brevet (DNB) avait été reporté à début juillet.

En revanche, le record de température minimale a lui été battu. Dans la nuit du 18 au 19 juin, la température la plus fraîche a été relevée à 1 h du matin : 25,8°C. Bien au-delà des précédents records, d’abord le 8 juin 1996 (21,8°C), puis le 27 juin 2019 (22,4°C).

Après 2014, 2017 et 2019, « 2022 est quatrième au niveau des mois de juin les plus ensoleillés », précise Alexandre Berger.

S’adapter à défaut de s’habituer

Cette nouvelle vague de chaleur ne sera toutefois pas la dernière de l’année. Le travail réalisé par Alexandre Berger lui permet d’annoncer que d’autres canicules auront lieu en août et en septembre. « Avec le changement climatique, on aura ce genre de configuration de plus en plus souvent… »

Ce qui se traduit déjà depuis plusieurs années. Le climatologue cite notamment l’étude réalisée et publiée récemment par Météo France : depuis 1947, 44 épisodes de forte chaleur ont été recensés. Vingt ont eu lieu depuis 2010…

Dès lors, « il va falloir s’adapter. S’habituer, le corps n’y arrivera jamais. En revanche, il faut changer nos comportements, en ventilant le matin par exemple, en évitant de sortir aux heures critiques de la journée… » Seule solution possible.