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Le local de rétention administrative, au commissariat de police, se veut discret. Il donne sur la cour et les habitants n'ont pas vue dessus.

Un local de rétention administrative qui ne sert à rien à Saint-Dizier

Le local de rétention administrative, au commissariat de police, se veut discret. Il donne sur la cour et les habitants n'ont pas vue dessus.
Le local de rétention administrative, au commissariat de police, se veut discret. Il donne sur la cour et les habitants n’ont pas vue dessus.

SOCIÉTÉ. Depuis plusieurs années, un local de rétention administrative a été intégré au commissariat de police. Il est destiné à retenir des étrangers qui seront ensuite expulsés. Mais au final, faute d’effectif policier suffisant, il n’est jamais utilisé. 

L’actualité dramatique de ces dernières semaines a relancé le débat sur les Obligations de quitter le territoire français, dite OQTF, imposées notamment aux étrangers entrés en France illégalement ou qui ne détiennent plus de titre de séjour. A Saint-Dizier, un local de rétention administrative existe depuis plusieurs années. Il est abrité au sein du commissariat de police, dans un angle interne du bâtiment.

Il ressemble à « une chambre d’hôtel », précise Cyril Baudesson, secrétaire zonal Grand Est à la police nationale. Il comporte quatre couchages et des sanitaires, une kitchenette. Plus petit et moins utilisé qu’un centre de rétention, ce local permet de garder des personnes ou une famille sur un délai de 48 heures maximum, qui font l’objet d’une OQTF et sont en attente d’une reconduite aux frontières. Mais il ne fonctionne pas. « On a juste eu deux ou trois personnes reconduites par le passé », souligne le syndicaliste.

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Une situation incongrue à laquelle la préfecture n’a pas souhaité fournir d’explications, tout comme le ministère de l’Intérieur qui a toutefois interpellé ladite préfecture sur son absence de réponse. Il faut donc se tourner vers Cyril Baudesson pour clarifier les choses. « Remontons à la génèse. Le syndicat de police est monté au créneau une première fois car une structure modulaire devait être montée à côté du commissariat. Ce qui entraînait un nouveau plan de stationnement des véhicules et surtout, ça posait problème pour la sécurité. Les personnes en OQTF ont le droit de se déplacer dans le local, sans sortir à l’extérieur », explique le syndicaliste.

Des déplacements de 900 km

Un local a donc été refait à neuf, plus sécurisé avec un accès direct au commissariat. «Mais il faut du personnel à plein temps pour surveiller, donner à manger à ces personnes et nous n’avons pas eu d’effectif supplémentaire. Il faudrait quatre policiers supplémentaires. Ces hommes permettraient de mettre en place des reconduites ». En effet, il faut compter trois policiers pour une reconduite à l’aéroport de Paris ou vers d’autres centres de rétention. « Quand des policiers partent, c’est une patrouille qui manque à Saint-Dizier », relève Cyril Baudesson.

commissariat de police saint-dizier 2
Le local est situé à un angle interne du commissariat.

Et ces policiers peuvent manquer pendant plus d’une journée. « On a déjà dû aller jusqu’à Perpignan pour amener un immigré dans un centre de rétention. On perd du temps et vous imaginez l’argent dépensé, notamment pour le carburant ? », alerte Cyril Baudesson. Des déplacements lointains dus à un manque de centres de rétention.

« Dans un territoire qui rassemble Grand Est et la Bourgogne Franche-Comté, soit 18 départements, il n’y a que deux centres : Metz avec 98 places et Geispolsheim avec 35 places. Il manque un centre à Dijon, il y a un vide de structures dans un rayon de 200 km, on gagnerait du temps si on en avait un », déclare le syndicaliste. Un dossier a été déposé auprès du ministère de l’Intérieur sous Gérard Collomb. Depuis… 

Pour combler le manque, le local de rétention administrative de Troyes s’avère souvent sollicité. Afin d’éviter de déshabiller les commissariats comme celui de Saint-Dizier quand il y a transfert ou reconduite, les syndicalistes ont proposé de procéder par étapes. « Une équipe ferait 200 km, et d’autres policiers prendraient la relève. Ca évite de longs déplacements », argumente Cyril Baudesson. Il semble que la proposition n’a pas été entendue.

Face à cette situation, il est même envisagé de récupérer le local pour offrir plus de place aux policiers. On serait au moins sûr qu’il servirait.

Marie-Hélène Degaugue

mh.degaugue@jhm.fr 

Des jugements en pleine reconduite

Il n’est pas rare que les forces de l’ordre doivent relâcher des personnes sous OQTF en plein trajet de reconduite. « On était partis avec deux voitures et six policiers. On arrive à l’aéroport de Paris, on apprend que le juge des libertés et de la détention a cassé la procédure pour vice de procédure, et que l’on doit libérer la personne. On a donc relâché la personne en pleine nature, à Paris. C’est arrivé aussi sur une aire d’autoroute », raconte Cyril Baudesson.

Des situations ubuesques, conséquences d’une incohérence des délais d’intervention propres aux ministères de l’Intérieur et de la Justice. La situation d’une personne sous OQTF peut être réexaminée par le juge si son dossier a changé,«  il s’est pacsé, va devenir papa… », sauf que les policiers ont 48 h pour effectuer une reconduite depuis un local de rétention. « Il faudrait une communication plus rapide entre les magistrats et les structures », déplore le syndicaliste. 

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