Saint-Dizier. Le chant du départ pour le dernier pédiatre libéral
Avec le départ du docteur Hoffmann au soir du 31 décembre, il n’y aura plus de pédiatre libéral à Saint-Dizier. Difficile à gérer pour les patients, redirigés vers Bar-le-Duc et Vitry-le-François à défaut de professionnels plus proches.
La vue panoramique du cinquième étage de la couronne de Gigny, donnant sur l’église, ne sera bientôt plus que de l’histoire ancienne. En tout cas, pour les patients du docteur Hoffmann. Après 35 ans de bons et loyaux services, le pédiatre libéral va prendre sa retraite au soir du 31 décembre. La fin d’une époque qui n’est pas sans poser des interrogations, le praticien n’ayant pas réussi à trouver de successeur : « Il faut bien que je m’arrête, mais clairement j’ai ce sentiment de laisser mes patients à l’abandon », s’excuse-t-il.
Double approche
C’est en janvier 1987 que l’aventure bragarde commence pour le pédiatre originaire de Metz, qui vient de finir son internat. A l’époque, deux options s’offrent à lui : « Je pouvais aller à la Réunion ou à Saint-Dizier. J’ai préféré rester dans la région que de partir au loin », explique le docteur Hoffmann. Sans aucun regret, lorsqu’il se remémore les bons moments passés : « Je suis un Bragard importé. Mais j’ai été très bien accueilli et j’ai pu lier de vraies amitiés ici. »
Depuis trente-cinq ans, Guy Hoffmann partage sa vie entre son cabinet et le centre hospitalier de Saint-Dizier. Si le costume de pédiatre est le même, l’approche est relativement différente : « On a vraiment deux groupes, deux versants différents ». En cabinet, « c’est davantage du relationnel avec les familles, voir ce que l’on peut construire, gérer les problèmes intrafamiliaux. On peut dire que ‘’tout le monde va bien’’. » Alors qu’à l’hôpital, c’est beaucoup plus spécialisé : « C’est davantage un suivi des pathologies graves. Des retards de développement, du diabète sous insuline, des traitements sous hormones de croissance, de l’hydrocéphalie congénitale… »
Trente-cinq ans de services
L’espace de trois décennies, le pédiatre a assisté à une évolution de la profession, et il en rigole lui-même : « Je fais figure de dinosaure à côté des jeunes d’aujourd’hui ». Le matériel a également évolué, à commencer par l’hôpital : « Aujourd’hui, nous disposons vraiment d’un bel outil qui fait des envieux à Nancy. Alors qu’au départ, il fallait emprunter un escalier pour passer de la salle de naissance à salle de néonatalogie en cas de problème. C’est assez incroyable en y repensant. »
En revanche, l’approche avec les familles et leurs préoccupations sont restées identiques. Ces derniers n’ont d’ailleurs pas oublié, à l’aube du départ à la retraite du pédiatre : « Je croule sous les remerciements, j’en suis très ému. Certains se souviennent et me ressortent des anecdotes qui datent d’il y a 20 ans. » Notamment le cas d’une famille, venue lui rendre un bel hommage : « Si on est là, c’est parce que vous étiez là il y a trente ans ».
Pas de successeur
En dépit de ses recherches actives, de propositions sur les sites nationaux ou auprès des jeunes de Reims qui prennent leurs gardes à Saint-Dizier, Guy Hoffmann n’a pas réussi à trouver de successeur. Pire, « aucune réponse, aucun mail, rien. Jamais je n’aurais imaginé il y a 35 ans partir sans passer le témoin. » Pourtant, l’intérêt envers la profession est bien là, en témoigne cette patiente qui a « toujours voulu être le docteur Hoffmann », dixit l’intéressé. Peut-être qu’elle s’installera plus tard à Saint-Dizier ? Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Et malgré de beaux outils comme au centre hospitalier, les nouveaux pédiatres « préfèrent les grandes villes tout simplement », constate le professionnel.
Conséquence, à compter du 1er janvier, il n’y aura plus qu’un seul pédiatre libéral en Haute-Marne (sans oublier les deux du centre hospitalier de Saint-Dizier). Inquiets, ses patients sont redirigés vers Bar-le-Duc et Vitry-le-François, même si « beaucoup vont se tourner désormais vers leur médecin généraliste ». Seules solutions, avant éventuellement l’arrivée d’un nouveau ou d’une nouvelle pédiatre dans la cité bragarde. Croisons les doigts.