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Saint-Dizier : il avait tiré sur les policiers du Raid en les prenant pour des cambrioleurs

Tribunal correctionnel. Le 4 février 2019, à Saint-Dizier, un homme ouvrait le feu en direction de fonctionnaires du Raid avant d’être blessé par balle. Soupçonné à tort d’être impliqué dans une affaire de règlement de comptes entre bikers, le Bragard a cru être attaqué par des cambrioleurs.

Lundi 4 février 2019, un Bragard visé par une intervention de l’antenne nancéienne du Raid ouvrait le feu à deux reprises en direction des membres du groupe d’élite de la police nationale avant d’être touché à hauteur d’une épaule.

L’autorité judiciaire faisait rapidement état d’une intervention menée dans le cadre d’une enquête conduite par les fonctionnaires du Service régional de police judiciaire (SRPJ) de Nancy « sur commission rogatoire d’un juge d’instruction nancéien ». Nos confrères de L’Est Républicain établissaient un lien entre cette intervention et les rivalités opposant deux bandes de bikers (lire par ailleurs).

Un temps hospitalisé, un temps mis en examen pour tentative d’homicide volontaire, incarcéré pendant 45 jours, mis hors de cause dans le cadre des investigations à l’origine de l’intervention du Raid (lire par ailleurs) et finalement poursuivi pour violence avec menace ou usage d’une arme pour les faits relatifs au 4 février 2019, Luc M affirme depuis sa première audition avoir réagi en méconnaissance de cause. Une regrettable méprise serait à l’origine de sa réaction.

« Tirs d’intimidation »

Réveillé par sa fille à 6 h du matin, un matin de février, sombre, torse nu, en caleçon, Luc M a constaté que des individus s’efforçaient à fracturer un imposant volet. Le père de famille a invité fille et épouse à alerter les services de police. Deux appels figurent aux dossiers. La police l’était déjà, sur place. Après avoir distingué « une masse noire », Luc M, certain d’être confronté à des cambrioleurs, descend au sous-sol se saisir de son 357 magnum. Après avoir chargé l’arme de poing, de retour au rez-de-chaussée, le Bragard ouvre le feu à deux reprises. « J’étais paniqué, j’ai tiré en l’air, la deuxième fois, à mes pieds ». Les constatations de techniciens en balistique sont contraires aux déclarations du prévenu. Il est toutefois fait état par un expert de « tirs d’intimidation ».

Restaurateur, ancien militaire, concédant un goût pour les armes, confiant avoir été victime d’un braquage à main armée par le passé, inconnu de la justice avant cet épisode, Luc M affirme ne pas avoir entendu les professionnels de Raid s’annoncer à leur arrivée à son domicile.

Un expert en otorhinolaryngologie a fait état de troubles de l’audition du prévenu. Me Benoit fit quant à lui état d’une déclaration du capitaine du Raid. « Le collègue a entendu une voix d’homme crier quelque chose d’inaudible ». Si les policiers n’entendaient pas distinctement Luc M, ce dernier ne pouvait pas entendre les policiers.

Implacable

Touché à une épaule par un des onze tirs de riposte déclenchés par les fonctionnaires du Raid, Luc M a bel et bien tiré, « de la main droite alors qu’il est gaucher », certes, mais tout de même. Une question posée par Me Benoit résume la réaction du prévenu. « Pourquoi diable cet homme n’ayant rien à se reprocher n’aurait-il pas ouvert la porte à la police s’il avait su que la police était à sa porte ? » Implacable.

La fille et l’épouse du prévenu ont indiqué, elles aussi, avoir redouté l’attaque de cambrioleurs. Agée de 13 ans, la fille de Luc M s’est retrouvée avec une arme braquée en sa direction avant d’être menottée. Le traumatisme est perceptible.

Le Raid ne fut à aucun moment mis en cause. Cette unité d’élite a agi sur ordre. « On est parti du principe que Luc M était un homme dangereux, il y a eu une erreur de calibrage, monsieur n’était pas défavorablement connu des services de police ou de gendarmerie, bien au contraire, monsieur se serait présenté au commissariat sur une simple convocation, il suffisait de se renseigner sur cet homme pour comprendre qu’une intervention du Raid était totalement disproportionnée », tonna Me Benoit.

Luc M fut relaxé de l’accusation de violence avec usage ou menace d’une arme. Le Bragard ne s’en est pas moins rendu coupable de détention illégale d’armes et de munitions de catégorie B. Luc M possédait deux revolvers Colt, « des souvenirs du Tchad », et ce fameux 357 magnum dont l’origine ne put clairement être déterminée. Le Bragard a été condamné pour ce chef à une peine de six mois de prison avec sursis.

T. Bo.

Gangs de motards

Un dossier en mode « Sons of Anarchy », série télévisée d’un intérêt artistique mineur faisant état des activités illégales de motards. Une série en partie basée sur des faits réels observés, notamment, à l’échelle nationale. En 1994, un trafic de stupéfiants et d’armes organisé par des membres du groupe international Hells Angels avait ainsi été démantelé dans la Marne. Différents dossiers ont également attesté de la dimension antisémite ou identitaire de groupes de motards amateurs de montures d’une célèbre marque américaine.

L’intervention du Raid opérée chez Luc M s’inscrit dans le cadre de faits imputés à des associations de motards. A l’occasion d’un rassemblement d’amateurs de motos organisé le 11 mars 2018 à Pont-à-Mousson (Meurthe-et-Moselle), de violents heurts avaient opposé deux groupes, les Banderos et les No Surrender.

Cette bagarre entre groupes fut au cœur de la vague d’interpellations opérée le 4 février 2019. Président de l’association Bomb Raider établie à Saint-Dizier, Luc M aura un temps été soupçonné d’entretenir des liens étroits avec un de ces deux groupes. Pour l’anecdote, une perquisition fut opérée le 4 février 2019, à Saint-Dizier, dans les locaux de l’association Bomber Raiser. Les membres forces de l’ordre ont forcé une première porte avant de s’apercevoir qu’ils s’étaient trompés d’adresse. Au-delà de cette erreur, les investigations n’auront pas permis de mettre en cause Luc M dans la violente rixe survenue à Pont-à-Mousson. Nulle poursuite n’a ainsi été engagée à l’encontre du Bragard.

Pour l’anecdote, une fois de plus, le Raid a été amené à intervenir à deux reprises à Saint-Dizier en l’espace de 20 jours. Après l’intervention menée le 4 février 2019, l’unité d’élite intervenait le 23 février 2019 afin de maîtriser, au terme de longues heures de négociations, un jeune homme ayant ouvert le feu à plusieurs reprises depuis son appartement, avenue de la République. Souffrant de troubles psychiatriques, le forcené avait été hospitalisé suite à son interpellation.

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