Près de Saint-Dizier, du tri de déchets écolo… avec un cheval !
Le Smictom a mis en place une collecte du tri sélectif hippo-mobile. Un procédé insolite choisi par quatre communes voisines du lac du Der, qui souhaitaient un mode de transport moins bruyant et moins polluant. Fendt du Lion d’or a parcouru les rues de Louze, ce 6 janvier.
On l’entend arriver de loin, avec ses quatre fers. D’un beau gabarit, la robe baie, Fendt du Lion d’or alterne le pas vif au trot. C’est qu’il y a quand même un peu de travail. Au total, 16 km à parcourir pour récupérer le tri sélectif de Longeville-sur-la-Laines et Louze.
D’ailleurs, dans ce village, alertés par le bruit, plusieurs habitants ont mis le nez dehors, curieux de voir cet original dispositif voulu par quelques communes situées près du lac du Der. « Depuis dix ans, notre société privée Hippo-Ecolo est spécialiste de la récolte du tri sélectif avec les chevaux, autour de Troyes. Nous avons été contactés par des collectivités haut-marnaises pour le faire ici également », explique Rémy Leplomb, cocher et surtout responsable du site Montier-en-Der.
Caresses et félicitations
L’initiative plaît. Pour preuve, les riverains de Louze n’hésitent pas à faire des photos du trait ardennais âgé de 7 ans, lui donner quelques caresses et interpeller Rémy sur le fonctionnement de l’équipage. « Pour une fois qu’on fait quelque chose de bien ! », s’exclame cette habitante. « Je trouve ça très bien. C’est plaisant de les voir, j’adore la nature alors récupérer les déchets de cette manière, je suis pour », s’enthousiasme une autre. Un automobiliste de Giffaumont-Champaubert s’arrête même pour dire bravo et réclamer cette méthode chez lui.
Face à tant de louanges, Fendt, plutôt modeste, s’impatiente. On est reparti. Placé sur la plateforme derrière, Hugo, rippeur depuis la mise en place du service le 3 janvier, guette le moindre sac bleu. Comme avec les véhicules traditionnels, il saute de la plate-forme, prend le sac et le jette dans la remorque, chargée de gros containers en plastique. Et comme avec un service classique, Hugo contrôle les déchets, cette fois-ci, il ne les prendra pas. « Il y a de l’aluminium, ça n’a rien à faire là. J’appose un autocollant et l’adresse de l’habitant est enregistrée dans notre fichier », déclare-t-il.
Pas de déchets ménagers
Les déchets ménagers ne sont pas concernés par la collecte. « Ce serait trop lourd pour le cheval, et il y en aurait trop en quantité. Et pour l’instant, le concept n’a pas été étendu car nous attendons une assistance électrique afin de faire les côtes. C’est pour cette raison que nous ne passons pas dans certains quartiers de Wassy », précise Rémy. Face aux critiques des réseaux sociaux sur l’exploitation de l’animal, le cocher assure que « nous faisons très attention au bien-être animal. Deux chevaux gèrent les quatre collectes, ils ne travaillent qu’un jour sur deux, sur un parcours de 4 h 30. Et il faut penser qu’en les faisant travailler, on permet de sauvegarder la race ».
Quant aux soins apportés, les chevaux sont hébergés au haras de Montier, où ils profitent d’une ceinture de massage, de douches régulières, d’un pansage deux fois par jour, d’un solarium « qui les chauffe, les sèche et leur masse aussi le dos ». Et pour ne pas perdre le rythme, quand ils ne travaillent pas, ils font des exercices à la longe ou se défoulent dans le paddock. « Les chevaux de trait ont besoin de marcher », ajoute Rémy.
Voici la fin de la collecte, Fendt se rend sur l’emplacement des containers publics. Hugo décharge les sacs récupérés ensuite par les services de la collectivité. L’équidé rentre dans son box, installé dans un camion de 3,5 T, la calèche sur le plateau, direction Montier. Prêt pour son mini-spa bien mérité.
Marie-Hélène Degaugue
Un but écologique assumé
Wassy, Ceffonds, Montier-en-Der, Rives-Dervoises (Droyes, Louze, Longeville, Puellemontier) ont adopté l’hippo-mobile. Un concept qui n’aboutira pas à des économies d’argent, comme l’affirme Jean-Jacques Bayer, le maire de Montier : « Cela coûte même plus cher qu’une collecte traditionnelle, mais l’objectif n’est pas le gain d’argent. Il s’agit plutôt de rentrer dans un mécanisme environnemental, de limiter l’impact carbone ».
L’élu tient à souligner l’intérêt de cette action en matière d’emploi : « Cela a créé deux emplois, les deux rippeurs, et cela contribue au fonctionnement des nouvelles écuries du haras ».
Que les contribuables se rassurent, le nouveau prestataire a baissé les tarifs de la collecte générale, ce qui induira « une baisse de la redevance ».