A Saint-Dizier, des sacs peu vertueux pour le tri sélectif
ENVIRONNEMENT. L’Agglomération utilise, depuis des années, des sacs en plastique pour collecter le tri sélectif. Un support pourtant banni par les boutiques et la grande distribution, qui pourrait être remplacé par des containers comme à Bar-le-Duc.
Tous les jours, nous effectuons un geste des plus paradoxals lors de notre tri sélectif. Soucieux de préserver l’environnement, nous déposons nos emballages et nos papiers à recycler dans… des sacs en plastique. Ceux-là même qui sont bannis des boutiques et de la grande distribution, car jugés trop polluants et longs à se dégrader. La Ville aurait pu décider de recourir à des containers à roulettes, comme pour les ordures ménagères, ce qui évite l’utilisation des fameux sacs. Mais non.
Cette décision a été prise par les élus il y a au moins 16 ans. Interpellée sur le sujet, la Ville dit n’avoir pas souvenir des arguments énoncés à l’époque. Il faut donc se tourner vers le Smictom, prestataire de service qui collecte les déchets et suit les directives des collectivités, pour obtenir un début d’explication. « Cela a été décidé par les élus dans le cadre du marché de collecte. L’avantage, à court terme, c’est que les sacs plastiques coûtent moins cher que des bacs », annonce le directeur Laurent Clément. L’économique prend donc le pas sur l’écologique, si l’on part du principe qu’un bac peut durer très longtemps.
Vous pourriez être intéressé par cet article :
Et ce d’autant que les sacs jaunes sont bien en plastique, et non biodégradables comme on peut en trouver en vente dans les commerces pour les particuliers. « Ce n’est pas le même prix », déclare Laurent Clément. Ces derniers ne sont pas recyclés, ils sont simplement incinérés. Mais le directeur assure les valoriser énergétiquement car « on transforme une partie de l’incinération en énergie, pour de l’électricité ». Mais aucun pourcentage de récupération d’énergie n’est fourni pour étayer son propos.
D’autres contrats de location et maintenance
Et à long terme, est-ce bien économique de recourir à des sacs plastiques plutôt qu’à des containers ? « Il faudrait recourir à un contrat de location car les containers pour les ordures ménagères n’appartiennent pas à la collectivité. C’est trop compliqué pour la maintenance, quand un bac est cassé, perdu, il faut vite le remplacer. Et même si elle décide d’acheter les containers, ce qui reste moins cher sur le long terme, il lui faudra toujours investir dans un contrat de maintenance. Dans les deux cas, si on équipe chaque foyer d’un container individuel, le coût sera élevé », assure Laurent Clément, certain de son fait mais qui reconnaît qu’aucune étude n’a été faite pour le vérifier.
La consommation de sacs, à l’année, est prévue à raison d’un sac bleu et jaune par semaine et par foyer, pour une population globale de 70 000 habitants, le nombre de foyers n’ayant pas été communiqué par le Smictom. Une consommation à relativiser comme le rappelle Laurent Clément : « Les habitants ne les sortent pas forcément toutes les semaines, s’ils ne sont pas remplis ».
D’autres villes ont choisi de renoncer définitivement à ce moyen. Certaines misent sur les appoints volontaires, quand d’autres se dotent de containers à roulettes comme à Bar-le-Duc.
Marie-Hélène Degaugue
Elle milite pour des appoints volontaires
Interrogée plusieurs fois sur l’installation d’appoint volontaires, la Ville dit clairement son opposition à ce qu’elle appelle « des verrues », favorisant des dépôts sauvages. Un avis non partagé par la déléguée à la transition environnementale Domithile Guinoiseau : « Je trouve ce système vertueux, on amène les déchets comme le verre, les journaux, les plastiques, sans passer par une collecte. Les gens savent s’organiser, ils gardent des choses dans leur coffre et les déposent, par exemple, quand ils font leurs courses ».
L’un des freins pour passer à ce système, « c’est qu’il n’y a pas de service, ni de techniciens qui peuvent s’en charger à la Ville. Il faut donc monter tout un système avec une grosse logistique. C’est compliqué mais ce n’est pas une raison pour ne pas s’y diriger. J’espère que ça va changer ».
Bar-le-Duc a misé sur des containers
En juin 2019, la commune de Bar-le-Duc est passé aux containers pour collecter le tri sélectif excepté en centre-ville. Actuellement, ce quartier est en train d’être doté lui aussi de bacs.
Une action inscrite dans une réorganisation totale de la gestion des collectes, après avoir constaté une baisse du volume des ordures ménagères et une stabilité du tri sélectif. Il s’agissait aussi d’anticiper les évolutions nationales obligeant à récupérer tous les emballages plastiques. Des informations rapportées par l’Est Républicain, la municipalité barisienne n’ayant pas répondu à nos sollicitations.
Le tri est désormais ramassé une fois tous les quinze jours, sauf pour le centre qui conserve une collecte hebdomadaire. La réorganisation globale permet de n’utiliser que cinq camions-bennes au lieu de six, avec un équipage de trois personnes, ce qui a amélioré les conditions de travail des ripeurs. L’arrêt des sacs permettra de réaliser une économie de 60 000 € HT. Et cela s’est déjà ressenti sur la facture des habitants, avec une baisse de la taxe d’enlèvement des ordures ménagères passant de 11,53 à 11,31 %.
Forte de cette expérience, Bar-le-Duc introduit une nouveauté pour la collecte des ordures ménagères. Au 1er janvier, la commune établira une tarification à la levée : le passage de la collecte sera comptabilisé uniquement quand le particulier mettra sa poubelle à ramasser.